Des populations de la ville de Kidal, lors de leur meeting du 24 octobre dernier, ont décidé d’organiser un sit-in permanent à l’aérodrome de la ville pour empêcher tout atterrissage d’avions autres que ceux impliqués dans le processus de retrait de la MINUSMA. Une manifestation qui rejette l’arrivée des FAMa dans cette ville considérée comme le sanctuaire des terroristes et le bastion des séparatistes.
Dans une déclaration attribuée à la population de Kidal, des communautés affirment avoir tenu un meeting le 24 octobre sur le retrait de la MINUSMA dans la région, dans un contexte de regain de violences entre les FAMa et des membres du CSP.
Dans ledit document ayant sanctionné cette mobilisation, il est évoqué la situation sécuritaire et la mise en œuvre de l’accord. Aussi, il y fait le procès à des Etats accusés d’avoir collaboré avec la transition.
« L’implication des puissances étrangères comme la Russie, la Turquie, l’Algérie, le Niger, le Burkina Faso dans un conflit interne en déphasage avec toutes les conventions internationales et sous régionales », ont-ils indiqué, avant de relever pour chaque État cité les accusations qu’ils les reprochent.
Dans leur document, les initiateurs du meeting font plutôt un procès d’intention à ces États, tout en renvoyant l’image d’une communauté sous ordre.
Ainsi, ils tancent la Russie, à travers le groupe Wagner.
Ils en veulent aussi à la Turquie, à travers sa société́ BAYKAR d’avoir mis ses technologies au service des forces armées maliennes.
Le tort de la Turquie, c’est d’avoir passé un marché avec le Mali, et aux FAMa de s’équiper pour la conquête des espaces échappant au contrôle de l’État où les terroristes et les bandits armés pullulent. Quoi de normal.
En accusant les autorités de l’État dans le cadre de l’exercice de leurs missions régaliennes, ces agitateurs qui ne représentent pas la population de Kidal se trompent de combat et se rangent du côté des forces du mal.
Le Burkina Faso et le Niger, avec lesquels notre pays a constitué l’Alliance des États du Sahel (AES), sont désormais les cibles de ces populations ayant fait le choix de s’aligner derrière les séparatistes dont le dessein est en train de porter un coup à l’accord pour la paix.
Ainsi dans leur déclaration, ils affirment que ces deux pays s’étaient « engagés dans une alliance avec le Mali pour le seul objectif d’empêcher l’acquisition de nos droits les plus fondamentaux garantis par la charte des droits de l’homme et des peuples dont ils sont signataires ».
A l’image d’un règlement de compte, l’Algérie trouve aussi son compte dans leur récit. Pays traditionnellement reconnu comme médiateur dans les crises sahélo-sahariennes depuis les indépendances, l’Algérie, souligne la déclaration, a montré ses limites par ses prises de positions qui ne répondent à aucune valeur sociale, culturelle, historique encore moins environnementale.
La faute de l’Algérie, si c’en est une, est d’avoir utilisé son espace et ses avions pour le transport « de la milice Wagner » dont le cas le plus récent est celui de Tessalit lors de l’acheminement de celle-ci avant le départ du contingent tchadien de la MINUSMA.
Ce n’est pas tout, ils enfoncent l’accusation contre Algérie qui depuis 1963 a soutenu notre pays contre leurs luttes soi-disant légitimes tout en refusant d’accorder notamment de l’exil politique aux leaders séparatistes, d’accepter le statut de réfugiés à des membres de leur groupe.
A cet effet, alors que les autorités maliennes sont décidées à occuper toutes les emprises de la MINUSMA, y compris celles de Kidal, ces populations instrumentalisées envisagent de tenir des manifestations permanentes pour s’opposer à toute arrivée.
« Nous décidons d’organiser un sit-in permanent à l’aérodrome de Kidal pour empêcher tout atterrissage d’avions autres que ceux impliqués dans le processus de retrait de la MINUSMA », ont-ils pris la décision.
PAR SIKOU BAH