Le Mouvement du 5 juin-rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) s’est installé dans le bicéphalisme depuis le vendredi dernier. En effet, le Comité stratégique, l’organe de décision du Mouvement, est dirigé, d’une part, par l’imam Oumarou DIARRA imposé par un clan et, d’autre part, par l’intérimaire Boubacar Karamoko TRAORE. Ce dernier bénéficiant du soutien d’autres responsables du Mouvement refuse son éjection tout en prenant des mesures contre les frondeurs.

La tension explosive au sein du Comité stratégique du Mouvement du 5 Juin Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a conduit à la disgrâce du vice-président Boubacar Karamoko TRAORE par certains membres.
Lors d’une réunion du bureau, le vendredi 23 février dernier, il a été démis de son poste au Comité stratégique avec effet immédiat, l’organe décisif du M5-RFP, ont décidé des membres dudit Comité. A la veille, la réunion ordinaire du Mouvement n’a pas pu se tenir à cause de la présence massive des forces de l’ordre décriée par ceux-ci renforçant leur méfiance, disent-ils, sur la capacité du vice-président de maintenir un climat de sérénité dans le groupe.
« Nous avons été surpris de constater ce jeudi une présence importante à la réunion du comité stratégique du M5. Cela ne sait jamais passer. Pire, une telle décision n’avait pas été approuvée par le Comité stratégique », a expliqué le président de la jeunesse du M5-RFP, Ibrahim TRAORE dit Jack Bauer, précisant que le vice-président du comité stratégique n’est chargé que d’organiser et de coordonner les réunions, il n’est pas habilité à prendre aucune décision seul.
« C’est à la majorité des membres du Comité stratégique que toutes les décisions sont prises », a affirmé M. TRAORE.
Les accusations contre l’intérimaire du Comité stratégique
Optant de mettre fin à la responsabilité du vice-président intérimaire, ses détracteurs lui reprochent de créer des situations conflictuelles au sein du regroupement, notamment entre la jeunesse du Mouvement dont la mobilisation a fragilisé le régime de feu Ibrahim Boubacar KEITA. Plusieurs fois, le mouvement des jeunes a appelé à la démission de M. Boubacar Karamoko TRAORE.
Dans une déclaration lue devant les médias, Jeamille BITTAR, porte-parole du M5, a soutenu cette éjection par « l’incapacité notoire du vice-président Boubacar Karamoko TRAORE à diriger les débats du comité stratégique et encore moins à assurer une représentation satisfaisante du mouvement ».
Pour BITTAR, cette décision, qui n’est pas synonyme de sa démission du M5-RFP, est cohérence avec des principes du mouvement après que l’EMK lui a retiré son mandat.
« Les membres du comité stratégiques sont désignés par leur regroupement. Sans le mandat de l’EMK qui lui a placé sa confiance, il ne peut pas siéger au sein du comité stratégique », a précisé le porte-parole du M5, ajoutant que l’objectif de la mesure est d’instaurer l’ordre.
« Il doit être clair pour tout le monde que les militaires demeurent et resteront les partenaires du M5. Ainsi, on ne peut collaborer avec ceux qui ne partagent pas ce choix », a déclaré M. BITTAR, affirmant que personne ne pourra orienter leur décision quant au choix du candidat à la prochaine présidentielle.
« Nous allons rester fidèles. (…) Notre soutien est total et indéfectible aux militaires. Nous allons continuer ensemble jusqu’à la fin de cette transition », a-t-il indiqué et annoncé qu’il ne sera pas candidat lors de la prochaine présidentielle dont les dates restent à déterminer. Le gouvernement, pour des raisons notamment techniques, a reporté l’échéance.
Des sanctions contre les frondeurs
Le lendemain, des responsables du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) se sont désolidarisés du remplacement du vice-président Boubacar K. TRAORE soulignant que cette décision « porte atteinte au crédit de fonctionnement de notre organisation ».
Puis, dans leur déclaration rendue publique ce samedi, ils ont réaffirmé leur soutien au vice-président Boubacar K. TRAORE et au président du comité stratégique Choguel K MAÏGA avant de suspendre jusqu’à nouvel ordre des cadres du FSD associés à la fronde. Il s’agit en l’occurrence de Mountaga TALL, de Paul Ismaël BORO, Ibrahim SYLLA.
Le coup de force contre le vice-président, Boubacar K. TRAORE semble créer un bicéphalisme au sein du M5-RFP et renforcer la méfiance entre les membres qui étaient jusque-là restés fidèles à la direction du Mouvement en dépit des premières dissidences.
Cette situation, qui est un autre coup dur pour le M5-RFP, affecte davantage sa réputation et son image déjà écorchée présentant le mouvement comme une organisation au service d’intérêts particuliers.
En effet, le vice-président avec la bénédiction et le soutien de certains responsables du M5-RFP résiste à la tentative de son renversement. Montrant qu’il demeure l’intérimaire au Comité stratégique, il a pris la décision, le vendredi 22 février, de suspendre jusqu’à nouvel ordre les frondeurs. Au total une douzaine de personnes. Parmi lesquels Jeamille BITTAR, Oumarou DIARRA, Ibrahim TRAORE, Paul Ismäl BORO.
Selon la décision, « ces personnes ne sont plus autorisées à s’exprimer et à agir au nom du Comité stratégique du M5-RFP, ni à se prévaloir de qualité dudit Comité stratégique ».

PAR SIKOU BAH

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