Encore une poussée de fièvre dans les relations entre le M5-RFP et les militaires qui semblent atteindre le point de non-retour. Le samedi 22 février, le président du comité stratégique du M5-RFP a présenté le bilan de ses trois ans aux commandes du gouvernement. Dans une liberté de ton, Choguel Kokalla MAÏGA a encore chargé la gestion de la transition dont les responsables ne sont pas issus d’un processus démocratique. Ils ont tous bénéficié de la légitimité de la rue. Une rue remplie des affamés de justice, des victimes de la corruption, entre autres, qui se sont mobilisés contre le régime de feu Ibrahim Boubacar KEITA.

À l’heure où les relations sont chaotiques entre les amis d’hier, alors que les approches ‘’crocs-en-jambe’’ ont passé par-dessus de la complicité entre les deux alliés, l’ancien Premier ministre n’hésite pas à rappeler au président de la transition de n’avoir pas été élu « par personne » et par conséquent il « n’est pas le président de la République ». Au lieu des fleurs, il rappelle plutôt à Assimi le caractère illégal de son mandat, connu de tous, mais murmuré. Donc, l’ex chef du gouvernement a osé cracher une part de la vérité jalousement conservée pour assurer sa défense.
Les intérêts des deux alliés ne font plus bon ménage. La teneur des discours illustre que la phase de la complicité est révolue. C’est l’instant du divorce. Si la rupture est consommée depuis la mise en place du dernier gouvernement sans les alliés du mouvement de la contestation mettant fin au deal entre le M5 et l’ex CNSP, le président du comité stratégique du M5-RFP soutient la prise en otage du retour à l’ordre constitutionnel. En toile de fond, la divergence entre les militaires pour s’accorder sur un candidat à la présidentielle. Et l’argument avancé pour justifier le ‘’léger report’’ pourrait être une histoire montée de toute pièce à entendre Choguel Kokalla MAÏGA, d’ailleurs opposé à la stratégie de terreur pour diriger.
Bis repetita, voilà qui rappelle la sortie de novembre 2024 ayant précédé à son limogeage par le président de la transition, le général Assimi GOÏTA. Ce jour, alors chef du gouvernement, Choguel Kokalla MAÏGA animait un meeting de soutien aux forces armées maliennes lors du 1er anniversaire de la reprise de Kidal où des séparatistes et des terroristes s’étaient retranchés durant des années.
A l’image de sa conférence de presse du samedi dernier, lors de ce meeting, Choguel s’est lâché en mettant sur la place publique le malaise au sommet de l’Etat. Selon lui, des décisions majeures sont prises sans que le Premier ministre soit informé ou associé.
La preuve, avait-il insisté : « Le 26 mars 2022, la fin de la transition 24 mois par un décret du 26 juin 2022, donc la transition est censée prendre fin le 26 mars 2024 mais a été reportée Sine die unilatéralement, sans débat au sein du gouvernement. Est-ce que vous pouvez imaginer ça ? J’ai appris dans les médias que la transition a été reportée alors que j’ai signé le décret qui met la fin à 2024 ».
Si après le meeting de novembre 2024, il a été sanctionné en le limogeant du gouvernement et son remplacement par Abdoulaye MAÏGA à qui il lui incombe de nombreuses dérives de la transition, cette fois-ci, les autorités vont-elles user la voie de la justice pour « atteinte au crédit de l’Etat » ? En tout cas, la tâche s’annonce tout sauf simple quand Choguel lui-même déclare « dans la peur, on n’obtient rien ».

PAR SIKOU BAH

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