En promulguant le mardi 8 juillet 2025 la loi portant Charte révisée de la transition votée à l’unanimité, le jeudi 3 juillet 2025 par les honorables membres du Conseil national de transition (CNT), le président de la Transition, le Général d’armée Assimi GOÏTA s’octroie ‘‘les fonctions de Chef de l’Etat pour une durée de cinq (05) ans renouvelables, autant de fois que nécessaire, jusqu’à la pacification du pays, à compter de promulgation de la présente Charte’’. Suivant l’énoncé de l’article 4 nouveau (nouveau) de la Charte révisée, c’est un nouveau mandat de 5 ans qu’il entame, sans tambour ni trompette, sans qu’il soit besoin d’un nouveau cérémonial de prestation de serment, dans le silence de renoncement, d’abdication et de compromission.
Asso ta naye. Car, c’est la même transition qui se poursuit sans que l’on sache quand est-ce que ‘‘les conditions permettant l’organisation d’élection présidentielle transparente et apaisée (seront) réunies’’. Dans un rêve partagé, c’est cette ‘‘démocratie militaire’’ qui était souhaitée par le M5-RFP, l’imam Dicko, et tous les démocrates qui ont salué et applaudit le coup d’Etat du 18 août 2020 sans pour autant se soucier du sort du président démocratiquement élu. Voici les militaires aujourd’hui au pouvoir qu’ils ont souhaité et nul ne va se renier au bout de 5 ans. Parce que le peuple du Mali n’a pas la mémoire courte et se rappelle bien des supplications sur le boulevard de l’indépendance : ‘‘où sont les militaires ? Pourquoi ils ne prennent pas le pouvoir ?’’ Les militaires sont là, mais eux, où sont-ils ? Alors que le président vient de s’octroyer un nouveau mandat de 5 ans sans passer par une élection et pire, la dissolution des partis politiques, faut-il crier au scandale en leur nom ? Que nenni. On ne récolte que ce qu’on a semé.
Toutes les violations de la Constitution et de la loi faites par Assimi GOÏTA et ses compagnons d’armes n’ont aucune commune mesure avec la trahison des démocrates qui se sont aplatis et vendus à vil prix dans l’espoir d’hériter d’un pouvoir qu’ils ont offert sur un plat d’or aux militaires. Nulle complainte, ils n’ont que ce qu’ils méritent. Mais le Mali, lui, ne mérite pas cet affligeant spectacle d’une République caporalisée et mise au pas. Par la faute de certains, de beaucoup, de nous tous.
EL HADJ SAMBI TOURE