L’émission Mali Kura Taasira 3, diffusée, ce lundi 21 juillet, sur l’ORTM a relevé un contraste significatif concernant les chiffres du chômage dans notre pays. Entre les données du ministre de l’Économie et des finances, M. Alousséni SANOU et celles du ministre de l’Entrepreneuriat national, de l’emploi et de la formation professionnelle, Mme Oumou Sall SECK, l’écart est saisissant. Alors que le premier revendique une baisse notable du taux de chômage, la seconde, en charge de l’emploi, avance des chiffres sensiblement plus élevés. Preuve qu’au même moment, et au sommet de l’Etat, l’on ne parle pas le même langage sur la question de l’emploi.
Lors d’une précédente intervention sur la même émission, le 31 mai 2025, M. SANOU avait affirmé une réduction spectaculaire du taux de chômage, passant de 6,1 % en 2020 à 3,5 % en 2024, soit une amélioration de près de 3 points.
Cette annonce, qualifiée d’« étonnante » par des millions de Maliens qui, sur les réseaux sociaux l’ont chargé, a suscité la colère, l’indignation.
En effet, cette déclaration intervenait dans un contexte socio-économique tendu en raison des multiples crises qui frappent le pays : crise énergétique ; départ de la MINUSMA ; de Barkhane ; le faible financement des ONG ; l’insécurité persistante privant une partie importante de la population de leurs activités génératrices de revenus ; la suspension des financements de l’USAID, etc.
Malgré toutes ces réalités, le ministre SANOU avait soutenu sur le plateau que cette baisse du taux de chômage serait due à une amélioration de l’efficacité du marché du travail, à un renforcement de la formation et de l’éducation des travailleurs, ainsi qu’à une plus grande flexibilité du marché.
Cependant, ces explications peinent à convaincre une population confrontée à une réalité économique difficile, marquée par des pertes d’emplois massives, notamment parmi les jeunes.
Face à la communication du ministre SANOU, jugée déconnectée de la réalité du terrain dans un pays où l’informel prédomine, le ministre Oumou SALL SECK, a rétabli une certaine vérité lors de son intervention à l’émission Mali Kura Taasira 3, diffusée, ce lundi 21 juillet, sur l’ORTM.
En clair, elle corrige les chiffres avancés par son collège de l’Economie qui affichait si fièrement un taux de baisse de chômage dans notre pays.
Rappelant que le taux de chômage est déterminé suivant plusieurs niveaux de critères qui peuvent être différents, selon les zones et organisations, Oumou Sall SECK, interpellée sur la polémique répond : « Le Mali est à 70 % rural. Nos données indiquent un taux de chômage de 2,4 % en milieu rural et de 9 % en milieu urbain ».
À l’analyse de ces chiffres, notre pays a un taux de chômage de 11,4%. Ce contraste reflète la prédominance du secteur informel et de l’agriculture de subsistance en milieu rural, le commerce. Ces secteurs absorbent une grande partie de la main-d’œuvre, bien que dans des conditions souvent précaires.
Cette divergence illustre l’absence de coordination et d’harmonisation du discours gouvernemental sur des sujets aussi sensibles que l’emploi et le chômage, des sujets qui touchent directement la vie quotidienne de millions de Maliens.
Cet écart dans les statistiques démontre le malaise d’un gouvernement où chaque département semble avancer en ordre dispersé, au mépris d’une communication cohérente. Sur un sujet aussi crucial, c’est de l’amateurisme pour des membres du gouvernement de se contredire sur des chiffres importants.
Le travail gouvernemental, que l’on n’apprend d’ailleurs pas aux ministres, est avant la coordination et la complémentarité.
Malheureusement, elles ne sont pas observées, prouvant ainsi que les membres du gouvernement ne tiennent pas le même discours.
Par ailleurs, le ministre Oumou Sall SECK a reconnu que les politiques publiques actuelles ont atteint leurs limites, révélant la nécessité, pour elle, de les actualiser pour les adapter à la réalité du terrain. De même, le problème du chômage dans notre pays est saisissant lorsque le ministre de l’Entreprenariat national affirme que sur les 300 000 diplômés qui arrivent chaque année sur le marché de l’emploi, seulement 50 000 retrouvent du travail au niveau de l’Etat et ses démembrements, soit 16%.
PAR SIKOU BAH