Le front commun de l’opposition ivoirienne était ce samedi 9 août dans la rue pour battre le pavé et dire non au 4ᵉ épisode du feuilleton PRADO et non à son l’exclusion de la présidentielle prochaine de ses principaux leaders.
La marée humaine aperçue dans les rues d’Abidjan a dû rappeler à beaucoup le trop-plein de notre Boulevard de l’indépendance aux moments épiques de la contestation du régime du président IBK (paix à son âme) conduite par une autorité morale intraitable et inflexible, mais aujourd’hui en exile contre lequel Alassane Ouattara suite à la rencontre des 5 présidents de la CEDEAO avec le M5 tenue le jeudi 23 juillet 2020 fulminait : « chacun de nous a des imams dans son pays, mais aucun n’ose manquer de respect à un chef d’État. Moi, je refuse qu’un simple imam défie toute la CEDEAO».
Sauf que Dicko était très respecté et très éclairé Imam, il était aussi l’autorité morale de la contestation. Ironie de l’histoire, c’est une autre autorité morale, très respectée et très éclairée, Laurent Gbagbo, qui lui tient aujourd’hui haut la flamme de mobilisation et «prend Abidjan en otage ».
Inversion de scénario ? Le narratif populiste qui, loue la liberté constitutionnelle de manifester, oublie commodément l’entorse et la transgression de la constitution ivoirienne avec en prime le coup d’État constitutionnel. Au contraire. Car, si la liberté de manifester se traduisant par des marrées humaines sur les boulevards faisait de la démocratie comme on est en train de le présenter en Côte d’Ivoire, le Mali serait le pays le plus démocratique d’Afrique. Car, le peuple malien a été de manière continue dans la rue 3 mois durant en 2020. À l’appel du M5, il a toujours révélé le défi de la mobilisation comme la journée mémorable du 14 janvier 2022 avec 4 millions de Maliens debout dans les rues pour dire non à la CEDEAO et clamer haut et fort la dignité et la souveraineté de notre pays.
Cinq ans après la démonstration de force du Boulevard, tous les acteurs de premier plan du Mouvement ont disparu des radars ou sont traqués au nom de l’apaisement et de la stabilité ; les partis politiques sont dissouts, les associations politiques également, les libertés réduites sont sous contrôle… Faut-il s’en désoler ou s’en délecter ? Pendant ce temps, les victimes de juillet 2020 rêvent toujours dans leur tombeau, à la recherche d’une justice qui semble les avoir oubliées.
Point ne s’agit de faire le rabat-joie. Mais ceux qui étaient sur le boulevard il y a 5 ans étaient aussi sortis pour leurs droits et leurs devoirs de s’opposer à l’illégalité et à la corruption du régime. Eux, ils n’ont pas attendu de permission pour marcher. Mais pour quel résultat ? Alors que le Front commun de l’opposition ivoirienne ne se leurre pas.
Lors des élections du 25 octobre 2025, le parrain est en accord avec le poulain et le soutien, car ce dernier s’est présenté comme le seul capable de défendre la Côte d’Ivoire contre la «Poutinisation de la Côte d’Ivoire» que l’opposition souhaite réaliser… Ce qui garantit les intérêts de la Métropole. Le Front commun de l’opposition ivoirienne doit savoir donc que dans l’agenda commun du néocolonialisme pour les élections d’octobre 2025, c’est «on gagne ou on gagne», aucun autre résultat ne devrait être prononcé. Avec les emprisonnements sommaires qui commencent dans les rangs de l’opposition, les Ivoiriens risquent malheureusement encore d’être matés par les forces françaises comme en 2011.

El Hadj Sambi Touré

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *