Le Français Yann Christian Bernard VEZILIER a été arrêté au Mali avec une dizaine de militaires dont deux généraux pour une tentative de coup d’Etat selon les autorités de la transition. Selon plusieurs témoignages, il est bien un membre des services secrets français qui a activement participé à la chute et à la mort de Kadafi. Et qu’il a même écrit un livre intitulé L’homme de Tripoli. Selon d’autres aussi, il est à Bamako dans le cadre d’un contrat de maintenance avec les autorités pour réparer l’avion présidentielle incendié par les terroristes le 17 septembre dernier. Pour Paris, il n’est pas un espion de la DGSE française, mais un membre de l’ambassade de France à Bamako et qu’»Un dialogue est en cours (avec les autorités maliennes) afin de dissiper tout malentendu» et obtenir la «libération sans délai».
L’arrestation de Yann Christian Bernard Vezilier, un ressortissant français, le 7 août 2025 à Bamako, accusé par les autorités de transition d’implication dans une tentative de coup d’État en lien avec la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure) française, soulève des questions complexes. Les allégations contradictoires, Vezilier comme agent secret impliqué dans la chute de Kadhafi, auteur d’un livre intitulé ‘’L’Homme de Tripoli’’, ou simple technicien diplomatique chargé de la maintenance de l’avion présidentiel exigent beaucoup de circonspections objectives pour mobiliser l’adhésion. Parce que c’est de cela qu’il s’agit. Foin d’inquisition contre l’espion qui a osé d’attenter à notre stabilité, mais aucune circonstance atténuante pour le Français dont le fasciés ne peut disculper.
L’arrestation de Vezilier s’inscrit dans une vague de répression interne, avec, disent les thuriféraires officiels sur les réseaux sociaux, 55 officiers et sous-officiers dont les généraux Abass Dembélé et Néma Sagara, pour une tentative de déstabilisation des institutions, annoncée le 14 août 2025 par le ministre de la Sécurité, le Général Daoud Aly Mohammedine.
Yann Christian Bernard Vezilier, un espion ayant joué un rôle majeur dans la chute et mort de Mouammar Kadhafi en 2011 ? Un diplomate qui aurait écrit un livre, ‘’L’Homme de Tripoli’’, détaillant ce funeste rôle ? Un mécanicien lié à Bamako dans le cadre d’un contrat de maintenance avec les autorités pour réparer l’avion présidentielle incendié par les terroristes le 17 septembre dernier ? Au-delà de la magie des réseaux sociaux, les preuves n’emportent pas la conviction. Or, la crédibilité est consubstantielle à la Communication de Guerre où l’équivoque, la manipulation, la désinformation ou l’amplification ne sont que des balles perdues. Alors tachons de l’objectif national auquel nous aspirons tous de ne pas être des tirailleurs du 21e siècle. En tout cas, évitons d’être eux, et de faire comme eux.
En qualifiant les accusations de notre pays de « sans fondement » et en invoquant la Convention de Vienne, Paris passe aux aveux sous cape et adopte une posture défensive pour protéger ‘‘son espion’’ tout en évitant une confrontation directe. Le fameux « dialogue en cours » laisse supposer des négociations discrètes, via des canaux bilatéraux, pour éviter une crise majeure, contraste avec le souhait d’obtenir la libération sans délai de Vezelier. Tout comme le peu de fiabilité et de crédibilité de présenter officiellement Yann Christian Bernard Vézilier, un ancien lieutenant-colonel de l’Armée de l’Air française, retraité et décoré, en tant que deuxième conseiller accrédité à l’ambassade de France au Mali. Dans ces conditions, il n’est pas contradictoire ni incompatible qu’un ancien officier français puisse jouer le rôle d’agent des services de renseignement français, la DGSE, et être impliqué dans une tentative de déstabilisation des institutions. Tout comme il serait de l’ordre de l’intelligible et du crédible qu’un technicien aéronautique chargé de la maintenance de l’avion présidentiel, endommagé le 17 septembre 2024, ne puisse pas se retrouver du jour au lendemain conseiller de l’ambassade de France au Mali. Son profil (expérience militaire, compétences techniques) est également compatible avec des missions de renseignement technique, donc d’agent de subversion engagé par la DGSE pour saucissonner un complot contre nos autorités.
La position de Binandjan reflète sa volonté de désescalade dans une affaire où il n’a pas le bon bout. En tentant de couvrir son Espion après coup du manteau diplomatique que procure la Convention de Genève, Paris passe aux aveux. En effet, comment a-t-elle pu recycler aussi facilement et aussi prestement un ancien militaire en diplomate de carrière (deuxième conseiller) et l’envoyer dans un pays où elle rechigne encore à accréditer un ambassadeur ?
Cette affaire Vezilier exacerbe les tensions Mali-France, déjà fragilisées par le pivot vers la Russie. Elle pourrait compliquer les relations dans l’AES et affecter les efforts régionaux contre le terrorisme, où la coopération, même réduite, reste nécessaire.
Les accusations des autorités de la transition contre l’espion français sont-elles si farfelues que ça ? Que nenni. Elles entrent en droite ligne dans la consolidation de la souveraineté de notre pays et à dénoncer le jeu diabolique de Paris contre cette transition qu’elle n’a jamais porté dans le cœur. Quid du démenti de Paris ? Un subterfuge qui vise à protéger ses intérêts stratégiques et diplomatiques dans notre pays et dans l’AES en général. Mais au final, Vezilier apparaît comme un pion dans un jeu politique malsain plus large, où la vérité est secondaire face aux narratives nationales.
Quel intérêt pour notre pays d’accuser la France à travers un agent de ses services de renseignement ? Même les Coulibaly intègrent aujourd’hui que la dégradation de nos relations avec Paris est due à sa condescendance et à sa politique de néocolonialisme irrespectueuse de notre souveraineté. Dans ce contexte, point ne s’agit de galvaniser l’opinion nationale contre un « ennemi extérieur ». Mais de l’impératif national de la préservation et de la sauvegarde de la stabilité des institutions et de la poursuite de la transition. Son implication prime sur sa nationalité. Il aurait été Marsien, il serait cravaté quand même.
Par El Hadji Sambi TOURÉ