Dans un contexte où les Maliens subissent de plein fouet les difficultés économiques, les autorités de la transition ont décidé d’augmenter le nombre des membres du gouvernement dans une loi organique. Ainsi, de 25 membres dans l’ancienne charte de la transition, le nombre des membres du gouvernement passe désormais à 30, une décision validée par la Cour constitutionnelle. Celle-ci est une contradiction entre les discours officiels et les actions des autorités.

Dans la première Charte de transition qui a été adoptée en 2020, le nombre des membres du gouvernement était de 25 personnes. Le nombre de la première Charte, adoptée quelques mois après le coup d’État, a été augmenté jusqu’à cinq, et seulement quatre ans, par les mêmes autorités, dans la même Transition. Aujourd’hui, le gouvernement de la transition dirigé par le Général de division Abdoulaye MAIGA compte 28 départements ministériels, y compris le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des reformes politique et institutionnelle. Donc, dans la pratique, cette limitation n’a jamais été respectée.
Alors que la population est invitée à faire preuve de résilience, l’administration, elle, semble opter pour une approche différente. En effet, l’effectif du gouvernement est revu à la hausse. Ainsi, elle passera de 25 à 30 ministres, un changement entériné par une nouvelle loi organique en flagrante contradiction des appels récurrents à la réduction du train de vie de l’État. Si elle venait à être appliquée, cette décision va entraîner inévitablement une hausse des dépenses publiques, incluant les salaires, les primes et les frais de fonctionnement, dans un contexte où chaque dépense devrait être justifiée et optimisée. Encore, les autorités décident d’ignorer une recommandation largement soutenue par la population, considérée pour autant être la boussole de la transition.
Outre ces appels de la population à la rationalisation et à la réduction du train de vie de l’Etat, en période de crise, il faut des comportements qui reflètent le contexte. Bien qu’il affiche la précarité et des difficultés économiques, notre Etat mène une vie de pacha. Parce qu’au lieu de réduire les charges, il continue d’en augmenter.
Cette augmentation des dépenses de l’État contraste fortement avec les difficultés que rencontre la population qui, de plus, doit s’acquitter de nouvelles taxes. Cette dichotomie entre le discours de résilience adressé aux citoyens et les actions de l’État alimente un sentiment d’injustice.
La validation de cette mesure par la Cour constitutionnelle, bien que conforme à la loi, ne dissipe pas les préoccupations quant à sa pertinence économique et sociale. Alors que les Maliens sont appelés à se serrer la ceinture, l’État, par cette action, semble s’accorder une marge de manœuvre qui ne reflète pas le principe de gouvernance sévère et de solidarité qu’il demande à ses citoyens.
À noter que la population dans l’agonie financière a contribué à plus de 33 milliards de FCFA au fonds solidarité. Sur ce montant, 23 milliards de FCFA ont été alloués au ministère de l’Énergie pour l’amélioration de la desserte, un investissement jugé nécessaire par les autorités pour répondre aux besoins de la population en énergie.

PAR SABA BALLO

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