Suite à une saisine, le Vérificateur Général a initié une vérification de performance de la gestion de l’Agence de Développement du Nord du Mali pour la période allant du 1er janvier 2020 au 31 décembre 2024. L’objectif était de s’assurer que le cadre institutionnel, la planification stratégique et la gestion des ressources de l’ADNM soutiennent la mise en œuvre efficace de ses programmes et l’accomplissement de sa mission d’impulsion du développement dans les Régions du Nord du Mali. Ainsi, les travaux de vérification ont concerné le cadre institutionnel, les rôles et responsabilités des acteurs, la planification stratégique, le financement, la mise en œuvre des actions d’impulsion du développement du Nord du Mali ainsi que la mobilisation et la gestion des ressources humaines de l’ADNM.
La mission de vérification a constaté que le fonctionnement du Conseil d’Administration de l’ADNM ne favorise pas une orientation stratégique efficace des activités de la Direction Générale. Aussi, il ressort du rapport du VGAL que l’ADNM n’inscrit pas son intervention dans le cadre d’une planification stratégique et que la mobilisation du financement de l’ADNM n’est pas efficace pour impulser le développement du Nord du Mali.
« L’ADNM n’a pas intégré la promotion de la synergie entre les programmes de développement du Nord du Mali dans sa planification opérationnelle. L’ADNM ne remplit pas sa vocation interrégionale de développement du Nord du Mali. L’ADNM n’a pas fait preuve d’efficacité dans la mise en œuvre du programme de réinsertion des jeunes non combattants. La réalisation des infrastructures socioéconomiques de l’ADNM présente des insuffisances. La gestion des ressources humaines de l’ADNM n’est pas efficace pour impulser le développement du Nord du Mali », sont entre autres constats faits par la mission de vérification.
Le Vérificateur général a indiqué que l’intervention de l’ADNM ne participe pas à l’impulsion du développement du Nord du Mali. Selon le Vérificateur général, cette structure a toujours évolué en marge de sa vocation interrégionale pour s’investir dans le développement à l’échelle locale, engendrant ainsi des chevauchements d’interventions et des conflits de compétences avec d’autres acteurs, comme les Communes, les Régions et les Agences de Développement Régional.
« Cette vocation, jadis spécifique et unique, est désormais partagée avec la création de la Zone de Développement des Régions du Nord du Mali au sein du Ministère chargé des Collectivités Territoriales et couvrant les cinq Régions du Nord du Mali. Aussi l’ADNM n’a-t-elle pu être efficace en raison du manque d’orientations stratégiques de son Conseil d’Administration, de l’absence d’outils de planification stratégique, de la faiblesse des ressources financières et de l’insuffisance des ressources humaines. C’est dire que l’ADNM n’a été performante dans aucun domaine de son intervention », souligne le rapport du VGAL.
Face à ces constats, le Vérificateur général soutient qu’il est nécessaire de dynamiser l’ADNM en tenant compte de la création des nouvelles Régions, de l’extension du risque sécuritaire et l’apparition de nouveaux défis sécuritaires, du retrait de l’Accord d’Alger, de la vision et des principes de la Charte nationale pour la Paix et la Réconciliation nationale.
« C’est dire qu’il est nécessaire de sortir de la particularisation du Nord du Mali pour s’investir dans une logique de développement harmonieux et équilibré de l’ensemble des régions du Mali en favorisant les espaces d’échanges et de partenariat et en promouvant les complémentarités et les coopérations entre les régions », a affirmé le VGAL.
De même, souligne-t-il qu’il s’agira de mener la réflexion nécessaire au recentrage d’une Agence axée sur la promotion de la paix, de la réconciliation et du développement avec une dimension nationale. « Cette agence doit tenir compte des structures existantes intervenant dans le même domaine afin d’éviter les chevauchements », a conclu le rapport.
PAR MODIBO KONÉ