Contrairement à ses deux précédentes interventions, le Premier ministre s’est exprimé non seulement en tant que représentant du Mali, mais comme porte-voix de la Confédération des États du Sahel (AES). Dès l’entame, il transmet les salutations des trois chefs d’État (GOÏTA, TRAORE, TIANI) et pose un cadre : l’AES est désormais un acteur collectif sur la scène internationale, une entité politique et militaire qui assume sa souveraineté et son panafricanisme. Ce glissement du national au confédéral traduit une évolution stratégique : notre pays ne parle plus seul, il parle au nom d’un bloc. Et surtout, le général Assimi GOÏTA est le président en exercice de la confédération.

Au cœur de son intervention, le Général Abdoulaye MAIGA a décoché ses flèches les plus acérées contre ce qu’il nomme « le système global de déstabilisation » du Sahel. Sans détour, il a dénoncé les États qui, sous couvert de coopération régionale ou de diplomatie feutrée, ouvrent en réalité des couloirs logistiques aux groupes terroristes armés (GAT), leur offrant des sanctuaires, des bases arrière et parfois même un appui technologique sophistiqué.
L’Algérie, longtemps parée des habits de médiateur, est pointée du doigt pour sa duplicité : derrière les discours officiels de bon voisinage, notre pays accuse Alger de soutenir les GAT et de travestir la vérité dans l’affaire du drone malien abattu.
Mais la dénonciation ne s’arrête pas là. L’Ukraine est citée comme fournisseur direct de drones aux terroristes, révélant une internationalisation inquiétante du conflit. La France, elle, est clouée au pilori comme sponsor principal du chaos sahélien, accusée de manipuler la menace terroriste pour maintenir ses ambitions néocoloniales. Quant à certains partenaires occidentaux, ils sont désignés comme complices actifs dans la guerre informationnelle et la subversion politique qui visent à miner les souverainetés retrouvées.
Face à ce front hétéroclite, le Premier ministre Abdoulaye MAÏGA n’est nullement impressionné. Son avertissement est sans équivoque : « Pour chaque balle, il y aura une réciprocité ». Une doctrine claire, brutale et assumée, qui rompt définitivement avec les compromis diplomatiques jugés hypocrites. Depuis la rectification de la transition, le Mali assume pleinement cette posture. En clair, le Mali et l’AES répondent coup pour coup, sur tous les fronts militaire, politique, diplomatique et informationnel.
Si le Général Abdoulaye MAÏGA a décoché ses traits les plus durs contre les parrains du terrorisme, il n’en a pas moins livré une vision géopolitique structurée : celle d’un monde à refonder. Pour lui, l’ordre actuel est biaisé, verrouillé, injuste. L’ONU en est la parfaite illustration : comment un continent qui représente un quart des États membres et plus d’un milliard d’habitants peut-il rester éternellement marginalisé au Conseil de sécurité ?
En reprenant le Consensus d’Ezulwini, le Premier ministre Abdoulaye MAÏGA a exigé une réforme en profondeur : un Conseil de sécurité élargi, intégrant de véritables sièges africains permanents, dotés de droit de veto. Mais au-delà de cette revendication institutionnelle, le chef du gouvernement a dénoncé les doubles standards qui gangrènent le multilatéralisme actuel : droits de l’homme brandis comme une arme de chantage politique, sanctions sélectives selon l’identité du coupable, indignation à géométrie variable. Pour le général Premier ministre, ce système est illégitime, car instrumentalisé par ceux-là mêmes qui piétinent les principes qu’ils prétendent défendre.
Face à ce déséquilibre, le Premier ministre Abdoulaye MAÏGA propose une alternative multipolaire. Son regard se tourne vers les BRICS, mais aussi vers les instruments endogènes comme la Banque confédérale de l’AES, embryon d’une souveraineté financière africaine. C’est un appel à bâtir une architecture internationale plus juste, fondée non sur la domination, mais sur la réciprocité et le respect mutuel. Son narratif ne se limite pas à détruire : il construit.
Derrière les attaques frontales, Abdoulaye MAÏGA esquisse une ambition claire : arracher l’Afrique à la périphérie de l’histoire pour en faire un pôle incontournable du nouvel ordre mondial.
Dans sa prise de parole ce vendredi 26 septembre, le général Abdoulaye MAÏGA a insisté sur un point essentiel : la souveraineté n’est pas un slogan, c’est une pratique quotidienne. Et sur ce terrain, le Mali et l’AES entendent montrer l’exemple.
D’abord, sur le plan sécuritaire. Les trois armées du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont désormais mutualisé leurs forces dans un cadre confédéral. Recrutements massifs, équipements modernisés, montée en puissance des unités spéciales : l’AES démontre que le Sahel n’est plus une proie offerte, mais une forteresse en construction. Les résultats tangibles sur le terrain, reculs des groupes armés, reprise de localités stratégiques sont brandis comme preuve que la souveraineté militaire est possible, à condition de rompre avec la dépendance.
Ensuite, sur le terrain économique, le Premier ministre MAÏGA a tracé une feuille de route ambitieuse : industrialisation, maîtrise énergétique, infrastructures souveraines et surtout l’exploitation endogène des ressources minières. Le message est clair : fini l’exportation brute des richesses, fini le pillage organisé. La diaspora est appelée à jouer un rôle moteur, transformant la fuite des cerveaux en retour de compétences et de capitaux.
En annonçant la sortie du Statut de Rome et le rejet de la CPI, l’AES choisit de bâtir ses propres mécanismes de justice, adaptés à ses réalités. Là encore, il s’agit de rompre avec la tutelle et les tribunaux sélectifs. En un mot, Abdoulaye MAÏGA a présenté un projet global : sécurité, économie, justice. Trois piliers pour ériger une souveraineté confédérale, ferme et irréversible.
Également, le général Abdoulaye MAÏGA a donné toute sa dimension à la Confédération AES : non pas un repli sur soi, mais un cri de ralliement lancé à l’Afrique et au monde. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ne viennent pas mendier des faveurs diplomatiques ni supplier pour une aide humanitaire : ils affirment leur droit souverain à exister et à choisir leurs alliés, en toute dignité. « Nous ne quémandons pas, nous négocions d’égal à égal », martèle le Premier ministre MAÏGA, dans une rupture assumée après des décennies de dépendance et de tutelle. Le message est limpide : le Sahel n’est plus un champ d’expérimentation ni une chasse gardée des puissances impérialistes, mais un espace de résistance et de reconstruction autonome.
Ce discours de défiance s’inscrit dans une mémoire longue de luttes panafricaines : de Soundiata KEÏTA à Thomas SANKARA, les références implicites abondent. Mais au-delà de l’héritage, le général Abdoulaye MAÏGA appelle à la mobilisation de toute l’Afrique pour bâtir un nouvel ordre multipolaire, affranchi des chaînes du néocolonialisme. La formule revient comme un refrain : « La Confédération AES n’a pas peur, elle ne cédera pas. » Plus qu’une posture, c’est une doctrine. Une manière de dire au monde que désormais, l’Afrique du Sahel parle fort, frappe fort et ne reculera plus.
Du discours du général Abdoulaye MAÏGA la tribune de l’ONU, cinq enseignements majeurs se dégagent, chacun dessinant les contours d’un nouvel âge politique pour le Sahel et l’Afrique.
1. L’institutionnalisation de l’AES comme acteur international.
Pour la première fois, le Mali ne parle plus seul : il parle au nom d’une Confédération, avec un drapeau commun, une armée coordonnée, une diplomatie partagée. L’AES s’impose ainsi comme un acteur collectif, obligeant l’ONU et les grandes puissances à compter avec elle. Ce n’est plus une rébellion isolée contre l’ordre établi, c’est une coalition structurée qui entre sur la scène internationale.
2. La radicalisation de la doctrine souverainiste.
Le temps des compromis est terminé. Notre pays pose une ligne claire : aucune tutelle, qu’elle soit militaire, juridique ou politique. Le Mali et ses alliés veulent gérer leurs affaires seuls, sans “guidage” extérieur. Cette radicalisation n’est pas une fuite en avant : c’est une affirmation de maturité politique.
3. La désignation sans ambiguïté des ennemis extérieurs.
La diplomatie feutrée laisse place à la nomination directe : la France est accusée de parrainer le chaos, l’Ukraine de fournir des drones aux terroristes, l’Algérie d’abriter et de couvrir des GAT.
4. La proposition d’un nouvel ordre multipolaire.
Le discours ne se limite pas à dénoncer. Il propose : réforme de l’ONU, alignement avec les BRICS, rejet des institutions financières occidentales et mise en avant d’outils souverains comme la Banque confédérale de l’AES. C’est une vision proactive qui trace les contours d’un ordre mondial décolonisé et multipolaire.
5. La fixation d’une ligne rouge.
Le Premier ministre Abdoulaye MAÏGA l’a dit avec des mots sans détours : « à chaque balle, une réciprocité ». C’est une doctrine de fermeté absolue : toute agression, militaire ou informationnelle, trouvera sa riposte. Une ligne rouge clair qui vise à dissuader et à rassurer à la fois.
Ce discours ne fut pas une simple déclaration d’intention : c’est un manifeste de souveraineté totale, qui redessine la place du Sahel dans le monde.
Avec ce troisième discours, le général Abdoulaye MAÏGA a fait entrer le Mali et, à travers lui, l’AES dans la cour des puissances qui ne s’excusent plus. Fini le temps des formules polies et des postures défensives : désormais, Bamako assume une parole offensive, décomplexée, qui nomme ses ennemis et revendique son droit à la riposte. En se plaçant en « porte-voix du feu », Abdoulaye MAÏGA expose les fissures d’un ordre international construit sur l’injustice, et dénonce frontalement ceux qui, derrière le masque du multilatéralisme, alimentent le terrorisme et la subversion.
Mais ce discours n’est pas seulement une charge, c’est aussi une proclamation stratégique. L’AES s’affirme comme un bloc de résistance panafricain, sûr de sa légitimité et de son avenir commun. Loin de se contenter de rejeter les ingérences, MAÏGA met sur la table une alternative : un panafricanisme confédéral, adossé à la souveraineté sécuritaire, à l’autonomie économique et à des institutions juridiques endogènes.
En somme, ce discours est un acte fondateur : celui d’un Sahel qui ne subit plus, mais qui impose ses conditions. La formule martelée résonne comme un serment : « À chaque tir, une réponse ». Le message est clair : le temps de la peur est révolu, l’ère de la résistance est ouverte.

PAR EL HADJ SAMBI TOURE

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