Quand Abdourahamane TIANI débarque à Bamako ce 30 septembre 2025, ce n’est pas une simple visite de courtoisie entre voisins. C’est un acte politique fort, presque une déclaration de souveraineté commune. Accueilli par Assimi GOÏTA avec tout l’apparat d’un chef d’État frère, le président nigérien ne vient pas seulement pour échanger des poignées de mains et des sourires. Il vient sceller, au cœur de Koulouba, l’idée que le Sahel a décidé de reprendre son destin en main.
Le Président de la Transition, Assimi GOÏTA, a accueilli son homologue nigérien, le Général Abdourahamane TIANI à l’aéroport international Modibo KEÏTA de Bamako. Ce dernier qui effectue son 2e déplacement à Bamako est en visite d’amitié et de travail de 24 heures au Mali. À cette occasion, les deux Chefs d’État ont un programme chargé, comprenant notamment un entretien en tête-à-tête, qui sera ensuite élargi aux membres de leurs délégations respectives.
Mali, Niger, Burkina Faso : trois pays que d’aucuns disaient isolés, asphyxiés après leur divorce avec la CEDEAO. Trois nations que l’on croyait fragilisées par les sanctions, déstabilisées par l’abandon des partenaires occidentaux. Et pourtant, voici que l’AES se consolide, se donne une respiration politique et se transforme en confédération assumée. La présence de TIANI à Bamako, à l’heure où beaucoup pariaient sur les fissures internes, est un cinglant démenti avec une diplomatie qui va dans tous les sens.
Tout naturellement, lors des sujets de discussion, il y aura la question de la lutte contre le terrorisme qui est le nerf vital de cette coopération et est le 1er pilier de collaboration au sein de l’AES. Unanimement, c’est la priorité des priorités, comme indiqué par le président Ibrahim TRAORE, lors de son entretien avec les médias africains.
Là où les « grandes coalitions internationales » ont échoué, Maliens et Nigériens se promettent une réponse enracinée dans leur souveraineté. L’AES veut démontrer qu’elle n’a pas besoin de béquilles étrangères pour se défendre. Les présidents TIANI et GOÏTA envoient ainsi un signal clair, laissant comprendre que le Sahel ne tendra plus la main pour qu’on vienne le sauver, il brandira la sienne pour se défendre.
Mais derrière la sécurité, une autre bataille se dessine : celle de l’économie. Bamako et Niamey veulent dessiner les contours d’une autonomie réelle. Car la dépendance économique a toujours été l’arme invisible des tutelles extérieures. Rompre cette chaîne, c’est briser le cercle vicieux de l’asservissement. La visite de TIANI au Mali n’est pas qu’une affaire militaire, c’est une esquisse de stratégie économique commune.
PAR ABDOULAYE OUATTARA