lors que le changement climatique accentue l’insécurité alimentaire et fragilise les rendements agricoles, deux villages du cercle de Fana se démarquent. À Foloda et à Monzomblena, grâce à l’appui et à l’expertise de l’ONG Sasakawa Africa Association (SAA), ces communautés assurent l’autosuffisance alimentaire tout en régénérant leurs terres affectées notamment par les effets du changement climatique.
Une délégation de médias locaux, accompagnée du directeur adjoint pays de Sasakawa, Dr Moussa DIALLO ; du directeur du partenariat stratégique, Dr. Mel OLUOCH ; de la responsable de la mobilisation des ressources à SAA, Edith Achieng KOUKO ; du chef secteur agriculture de Fana, Hamadoun Bilaly TOURÉ a visité, le mercredi 24 septembre, les champs d’expérimentation de ces deux localités.
Objectif : constater les effets concrets de plus de dix années de collaboration entre l’ONG et les communautés rurales.
Étaient également associés à cette visite s’inscrivant dans le cadre du Média ´´Field days’’, d’autres acteurs du monde agricole et des responsables de l’ONG Sasakawa.
Ce rendez-vous annuel est consacré à la découverte des innovations agricoles de ladite ONG.
Cette année, il a sillonné le cercle de Fana où depuis une dizaine d’années, Sasakawa accompagne les paysans dans la valorisation des cultures, la régénération des terres et l’organisation en coopérative des paysans avec objectif de renforcer la résilience des cultivateurs face aux défis climatiques qui menacent la productivité agricole au Mali.
Plus de rendement avec
peu d’espace
À Foloda, l’enthousiasme est palpable dans les champs d’arachide associés au maïs, une technique enseignée par Sasakawa pour renforcer la fertilité des sols affaiblis par les aléas climatiques.
Arrêtée dans leur champ d’expérimentation, Coumba SIDIBE, présidente de groupement de femmes de Foloda a témoigné : « Grâce à l’appui de Sasakawa, nous avons pu bénéficier de séances de renforcement de nos capacités. Nous avions été formées sur les meilleures pratiques agricoles en plus des appuis en semences améliorés.
Nous savons pour quelle superficie, la quantité de semences qu’il faut. »
A cette occasion, elle était entourée de dizaines de femmes du village, toutes membres de leur coopérative constituée sur conseil de Sasakawa. Grâce à ce regroupement, soutient-elle, les femmes de Foloda œuvrent en synergie.
« Le premier avantage de notre collaboration avec Sasakawa, c’est qu’elle a permis aux femmes de se fédérer », a salué la présidente Coumba SIDIBE.
Puis, elle a expliqué que les approches de Sasakawa ont contribué à booster le rendement de leurs récoltes qui a bondi de plus de 50%.
« Aujourd’hui, on sait que le rendement d’un champ ne dépend pas de la superficie, mais des techniques innovantes. Avec moins d’espace, nous produisons plus, ce qui améliore la quantité et la qualité de nos récoltes. Autrefois, on regardait à perte de vue des superficies de culture pour souvent des résultats décevants », a-t-elle confié.
Cette situation, par ricochet, a amélioré leurs revenus, dont une partie est destinée à alimenter la caisse de la coopérative gérée de manière collégiale.
« Avec l’argent de la caisse, on accorde des crédits à des femmes qui font la demande. Ainsi, il facilite l’accès des femmes du village au financement. Aussi, une partie de l’argent pourrait être utilisée pour mener des initiatives d’utilité de la localité », a martelé la présidente SIDIBE.
Pour elle, cela contribue au bien-être des enfants et à l’épanouissement des femmes, qui ne dépendent plus entièrement des hommes.
« Nos greniers ne sont plus vides »
À quelques kilomètres de là, à Monzomblena, une localité de quelques centaines d’habitants, s’est rendue la mission. À l’image de Foloda, ici les résultats parlent d’eux-mêmes.
Accueillant la délégation, le président de l’Union des coopératives, Zoumana BERTHE, faisant le point de la situation, a expliqué : « Il y a quelques années, à cette période, nos greniers étaient vides. Grâce à Sasakawa, c’est l’autosuffisance alimentaire. Par exemple, sur un hectare, nous passions de 1,5 tonne à 3 tonnes de récolte. »
Cet impact est ressenti par toutes les couches de leur union, a déclaré le président BERTHE, avant d’insister sur le cas du village de Monzomblena dont il est originaire.
En effet, a-t-il poursuivi, l’agriculture va au-delà de la subsistance, soulignant notamment que la caisse coopérative, inspirée par les conseils de Sasakawa, finance des projets communautaires.
« Nous avons contribué à la construction du centre de santé, à la prise en charge d’un enseignant pour l’école, et même à la réalisation d’un forage pour l’eau potable », précise M. BERTHE, avant d’ajouter : « Avec la caution morale de Sasakawa, l’union a pu avoir des prêts auprès d’une micro-finance pour acheter un tricycle destiné à transporter les objets et les récoltes de l’Union. »
Dans les champs d’expérimentation de ces deux localités, le chef secteur agriculture de Fana, Hamadoun Bilaly TOURÉ, s’est réjoui des initiatives de l’ONG contribuant à atténuer les conséquences du changement climatique, auxquelles notre pays est confronté, à l’image de nombreuses nations du monde.
« Les techniques de Sasakawa contribuent à atténuer les effets du changement climatique. La régénération des sols, l’utilisation de variétés améliorées, précoces et adaptées à notre pluviométrie, ainsi que des méthodes de labour qui conservent l’humidité et fertilisent le sol, sont essentielles. Ces bonnes pratiques permettent de faire face aux défis majeurs des aléas climatiques », a affirmé le chef secteur agriculture de Fana.
« Faisons de ce que nous produisons des médicaments »
En dehors des organisations pratiques de la culture, les communautés paysannes sont également coachées à la transformation des récoltes en aliments nutritifs, à la conservation et la vente des récoltes.
Prenant la parole, le directeur adjoint du bureau Sasakawa du Mali, Dr Moussa DIALLO, a indiqué que ces piliers sont essentiels pour aboutir à des résultats satisfaisants.
« Lorsque nous regardons le Mali, vous allez comprendre que là où il y a la forte production, vous allez y constater qu’il y a la malnutrition (…) Face à cette situation, l’un de nos objectifs est d’accompagner les producteurs à transformer mieux ce qu’ils sont en train de produire en de bons aliments, c’est-à-dire faisons de ce que nous produisons des médicaments », a relevé M. DIALLO.
Selon lui, cette situation n’est pas due à un manque de production, mais à des méthodes de transformation inadéquates des produits agricoles, qui privent les aliments de leurs nutriments essentiels.
Cette approche transforme les récoltes non seulement en sources de subsistance, mais en véritables remèdes contre les maladies liées à la malnutrition.
Il a par ailleurs ajouté que la conservation et le stockage des produits agricoles sont indispensables pour garantir à la fois la sécurité alimentaire et nutritionnelle des communautés. D’où, a justifié Dr DIALLO, le pilier de conservation pour préserver ce qui est produit.
PAR SIKOU BAH