La situation humanitaire au Mali reste profondément préoccupante à mi-parcours de l’année 2025, selon le deuxième rapport semestriel de l’UNICEF publié ce 4 lundi août. Dans ce document, la mission onusienne chargée des questions de la promotion et de la protection des enfants affirme avoir réduit ses ambitions de près de la moitié à cause de déficit de financement.
L’UNICEF, dans un rapport publié ce lundi, établit la situation humanitaire de notre pays confronté à des crises sécuritaires et tension politique avec la dissolution des partis politique en mai dernier.
Cette situation exacerbée avec la tension avec l’Algérie a affecté l’accès au corridor humanitaire reliant l’Algérie à Kidal, Tombouctou et Gao.
Ainsi, pour l’UNICEF, des difficultés sur cet axe vital pour l’acheminement de l’aide ont des conséquences sur le déploiement des assistances humanitaires.
Evoquant l’urgence nutritionnelle, le rapport révèle que plus de 1,5 million d’enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë, dont près de 315 000 sont atteints de malnutrition aiguë sévère (MAS).
À ce jour, 222 864 cas de MAS ont été identifiés comme cibles prioritaires de traitement, mais seuls 72 131 enfants ont effectivement été pris en charge entre janvier et juin, précise le document. Ce chiffre ne représente que 32,4 % des besoins estimés pour l’année dans le cadre de l’Action humanitaire pour les enfants (HAC).
Les résultats du traitement restent encourageants, souligne le rapport, avec un taux de guérison de 95,4 %, un taux de mortalité de 0,4 % et un taux d’abandon de 4,2 %.
« Environ 929 595 enfants de moins de 5 ans ont été dépistés pour le gaspillage, et les cas identifiés ont été orientés vers des unités de réhabilitation nutritionnelle », ajoute la mission onusienne. Les interventions nutritionnelles préventives ont également été renforcées.
Environ 308 268 soignants d’enfants de moins de 2 ans, dont 233 571 femmes enceintes et allaitantes, ont reçu des conseils sur les pratiques familiales essentielles, y compris l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (ANJE), l’hygiène et la nutrition maternelle.
Cela représente une couverture de 47 % de l’objectif 2025 (657 014 soignants), tandis que seulement 21 411 enfants ont reçu des poudres de micronutriments pour compléter leur régime alimentaire. Ce résultat est très en deçà des attentes (14 % de l’objectif).
Le rapport relève également que les activités nutritionnelles ont été considérablement affectées par des contraintes de financement, notamment des suspensions et des coupes temporaires début 2025, entraînant des résultats inférieurs à ceux de l’année précédente.
« Ces contraintes ont retardé l’intensification des services et limité les capacités des partenaires dans les zones prioritaires », indique le document, ajoutant que 1,2 million de personnes ont reçu un soutien nutritionnel essentiel, sur les 2,3 millions ciblés en 2025.
En conséquence, plus de 1,5 million de personnes dans 15 districts de moindre priorité ont été dé-priorisées, malgré les vulnérabilités persistantes, en raison d’un déficit de financement.
À cause de cette situation, poursuit l’UNICEF, le Cluster Nutrition a été contraint de recentrer ses efforts sur 19 zones jugées critiques, abandonnant temporairement 15 districts moins prioritaires bien que vulnérables.
« Le Cluster Nutrition reste activement engagé dans la coordination, la mobilisation des ressources et le soutien technique aux partenaires. L’engagement continu des donateurs et la priorisation stratégique seront cruciaux pour maintenir et étendre la réponse au cours du second semestre 2025 », annonce le rapport.
La situation est presque similaire dans le domaine de l’accès à l’eau et à l’hygiène. Par l’intermédiaire du cluster WASH, l’UNICEF et 19 autres partenaires ont atteint 151 798 personnes, dont 86 267 enfants, ce qui équivaut à seulement 8 % de l’objectif annuel du Cluster.
« La couverture du financement s’élevait à 21 %, selon le suivi bilatéral du Cluster, et à seulement 3 % selon le système de suivi financier (FTS) de l’OCHA », précise le rapport.
Suite à la suspension du financement américain, le Cluster WASH a aussi re-priorisé ses interventions pour se concentrer sur les activités vitales dans les zones de niveau gravité 4 et 5.
Ce réalignement stratégique a permis d’identifier 24 cercles prioritaires ciblant 1,2 million de personnes sur 1,9 million en besoin critique avec un besoin de financement révisé de 22,3 millions de dollars US, soit plus de 12 milliards de FCFA.
PAR SIKOU BAH