Les cours ont officiellement démarré, ce mercredi 1er octobre 2025, au Mali. Une fois n’est pas coutume, cette rentrée a été caractérisée par le boycott des enseignants, notamment dans les établissements publics, qui, à l’appel de la synergie, protestent contre la décision du gouvernement de suspendre les salaires d’une partie du personnel enseignant non enrôlé dans le système intégré de gestion des ressources humaines (SIGRH).

Comme annoncé, l’ouverture des classes pour la rentrée scolaire 2025-2026 a eu lieu ce mercredi 1er octobre sur fond de différend entre le gouvernement et les syndicats des enseignants qui dénoncent la suspension des salaires de certains agents à la suite de l’affaire des fonctionnaires fictifs.

Rentrée solennelle
La cérémonie officielle de lancement des cours, présidée par le ministre de l’éducation nationale, Dr Amadou SY SAWANE, s’est déroulée au Groupe scolaire Gaoussou DABO de Darsalam. Elle a enregistré la présence de plusieurs ministres dont Alhamdou Ag ILYÈNE, ministre de la communication et de l’économie numérique ; de Oumou SALL SECK, ministre de l’entreprenariat nationale, de l’emploi et de la formation professionnelle ; de Aboubacar Sadikhe DIOP, Dg de l’Orange Mali ainsi que des acteurs de l’éducation.
Après la montée traditionnelle des couleurs, les officiels ont assisté à une leçon modèle sur le thème : « Le patrimoine culturel ; facteur de la cohésion sociale et de l’unité nationale » dispensée en 9è ’’A’’ de l’école fondamentale.

Message
Sans ouvertement aborder la situation, Mme DOLO Kadidja KODIO, Directrice de l’académie d’enseignement de la rive gauche, a félicité les enseignants pour la bonne tenue de l’année scolaire écoulée.
« Nous comptons sur eux et les partenaires pour le bon déroulement de cette nouvelle année scolaire » a-t-elle lancé auprès des enseignants.
Pour sa part, le ministre SY SAWANE a conseillé les élèves à être assidus, ponctuels tout en suivant les cours avec attention, car les examens commencent, dit-il, dès le jour de la rentrée.
En ce qui est du cas des enseignants, le ministre reconnaît que le corps enseignant est le moteur de l’éducation.
Sans les enseignants il n’y a pas de cours a-t-il dit.
Ainsi, pour la bonne marche de l’école, le Chef du Département de l’éducation dit compter sur leur implication.
«Je les ai rencontrés avec le ministre du travail et de la fonction publique, nous sommes dans une dynamique qui va amener la paix définitive dans les écoles » a rassuré Dr Amadou SY SAWANE.
Aussi, faut-il rappelé qu’à la suite d’une réunion à la veille de la rentrée le ministre a instruit aux directeurs d’académies d’enseignements de prendre les dispositions nécessaires pour le paiement des salaires des mois de septembre et d’octobre 2025 de l’ensemble du personnel disposant du récépissé de contrôle physique.
Dans cette lettre adressée aux DAE, il est indiqué que les agents disposant du récépissé de contrôle physique dont les salaires avaient fait l’objet de suspension doivent reprendre leur identification biométrique pendant le passage des équipes chargées d’enrôlement dans les circonscriptions.
À la suite de cette promesse faite par les autorités, la synergie a publié une lettre circulaire le 30 septembre 2025 pour, dit-elle, « prendre acte des engagements des ministres à savoir : le rétablissement immédiat des salaires des enrôlés disposant de leurs récépissés et le redéploiement des équipes d’enrôlement sur le terrain ».
Cependant, elle prévoit de déclencher une grève générale automatique, à compter du 13 octobre, si les salaires ne sont pas faits au plus tard le 10 octobre 2025.
En effet, cette grève est constatée dans plusieurs régions du pays, y compris Bamako.
Les syndicats protestent ainsi contre le non-paiement du salaire du mois dernier de certains militants faute d’enrôlement dans le cadre du SIGRH (système intégré de gestion des ressources humaines).

Le boycott
Comme chaque premier jour de la rentrée, les cours ne se déroulent pas normalement ; mais cette année, il s’agit d’une rentrée sans la présence effective des enseignants dans les classes.
Dans plusieurs établissements publics, le constat est alarmant. Les élèves se présentent, mais les enseignants manquent au rendez-vous.
Cette année scolaire débute ainsi dans un contexte marqué par des mouvements de grève des enseignants, ce qui fait que les élèves n’ont toujours pas droit aux cours dans plusieurs établissements publics.

Le défi de l’insécurité
Au-delà du boycott des enseignants, le défi de l’insécurité reste pour les autorités dans le cadre de cette rentrée scolaire 2025-2026.
En effet, la crise sécuritaire qui sévit dans notre pays continue d’avoir des répercussions désastreuses dans de nombreux secteurs et domaines.
Parmi les domaines affectés, figure le système éducatif du pays. Ces faits sont corroborés par le rapport «Cluster Éducation Mali-Situation des Écoles» de mai 2025 récemment publié.
Même si nous ne disposons pas de chiffres actualisés pour la rentrée, le dernier rapport de ce Cluster sur de l’année scolaire 2024-2025 indique la fermeture de plus de 2000 écoles en 2025 pour des raisons de sécurité.
Ce document qui est élaboré sur la base des informations fournies par les Académies d’enseignement de diverses régions, dont Ségou, Mopti, Gao, Tombouctou, Kidal, et Koulikoro dresse une situation alarmante pour l’année scolaire qui vient de s’achever dans notre pays.
Ces chiffres funestes illustrent une partie du malheur de l’insécurité sur le développement d’un pays.
À cause de celle-ci, des milliers d’enfants sont privés depuis des années de leur droit à l’éducation.
En effet, à la date de mai 2025, 2 036 écoles étaient non fonctionnelles à cause de l’insécurité en 2025, contre 1 984 en 2024, ayant affecté centaines de milliers d’enfants et d’enseignants. En comparaison, 1 984 écoles étaient fermées en 2024. A l’analyse, la situation des écoles s’est dégradée cette année.

PAR AMINA SISSOKO

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