Le vote du Mali contre le projet de résolution au Conseil de sécurité appelant au retrait des forces russes d’Ukraine, aura inéluctablement comme conséquence d’isoler davantage notre pays qui a déjà maille à partir avec ses ex-alliés occidentaux, au regard de leur immixtion et interférence dans l’exercice de sa souveraineté d’État indépendant. La ritournelle est rechassée par un ancien Premier ministre qui conseille de s’abstenir quand on a pas le courage de faire autrement. Quelle superficialité analytique !
Moussa Mara, comme de nombreux Maliens affidés du simplisme, ont vu le problème sous cet angle réducteur. Encore que depuis le temps qu’on brandit comme épouvantail le risque d’isolement, on n’a pas vu un pays couper ses relations diplomatiques et commerciales avec le Mali parce qu’il a décidé d’assumer sa souveraineté et de se trouver un nouveau partenaire.
Par risque d’isolement, l’ancien Premier ministre se réfère-t-il à la visite, la semaine dernière d’une Délégation du Senat Américain pour approfondir les relations entre les Etats-Unis et notre pays ? Parce que selon un communiqué de l’ambassade américaine daté du 23 février 2023, outre la « discussion franche sur diverses questions d’intérêts bilatéraux entre les États-Unis et le Mali, ainsi que la situation sécuritaire et le retour à l’ordre constitutionnel », la délégation du Sénat américain a même rencontré des « chefs d’entreprise membres du Conseil National du Patronat du Mali, afin d’explorer les possibilités de coopération commerciale future ».
Contrairement à la litanie préfabriquée et ingurgitée par certains, les États-Unis ont « une idée précise des progrès réalisés par le gouvernement de transition (…) une grande appréciation du contexte et des défis que tente de relever le gouvernement de transition du Mali, avec l’espoir d’un progrès du processus électoral dans un avenir proche ».
Est-ce une erreur diplomatique de la part du Mali d’avoir conforter par son vote la position de son nouvel allié, en ce qui il a confiance et plus fiable, selon des autorités ? Que nenni. Les plus pragmatiques comprendront donc que c’est un retour d’ascenseur au soutien de la Russie envers notre pays au Conseil de sécurité et dans le domaine militaire. C’est simplement de la cohérence et de la reconnaissance avec la Russie.
L’Icône de la lutte contre l’apartheid, Nelson Mandela, a dit ceci aux occidentaux : «vos amis ne sont pas forcément nos amis. Vos ennemis ne sont forcément nos ennemis.» Le Pape actuel, François 1e a dit aux mêmes occidentaux : «vous avez poussé vos pions jusqu’à aller aboyer aux portes de la Russie»…
C’est finie la pensée unique : le Mali ne suit que ses intérêts. Chacun sait que les pays agissent en fonction de leur intérêt. Et De Gaulle enseignait déjà que les pays n’ont pas d’amis mais que des intérêts. Croire le contraire, en ce 21e siècle, ressemblerait bien à du charlatanisme diplomatique.
Hier, les USA et ses alliés ont toujours voté contre les résolutions de l’ONU concernant l’annexion de la Palestine par Israël. Se souviennent-ils ceux qui ont voté les yeux fermés sur l’annexion et la colonisation des territoires palestiniens. Pourquoi ils ne disent rien toujours alors qu’Israël continue de bafouer quotidiennement les droits des Palestiniens ?
Le droit international est-il rationnel ? L’OTAN est intervenue au Kosovo et en Libye au mépris du droit international. Dès lors on peut passer sa vie à pérorer sur le mauvais vote du Mali ((mauvais parce qu’il n’est pas suiviste occidental ?), on ne sera jamais capable de comprendre et d’analyser les situations géopolitiques internationales avec objectivité en intégrant surtout toutes les variables causales. Les États agissent en fonction de leurs intérêts d’abord.

PAR SIKOU BAH

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *