À New York, la tribune des Nations Unies est un théâtre de diplomatie policée. Les chefs d’État y déroulent leurs discours millimétrés, évitent les termes qui fâchent, naviguent entre prudence et formalisme. Mais Abdoulaye MAÏGA, général de division, Premier ministre et ministre de l’Administration territoriale, y est apparu comme une tempête. Trois fois (2022, 2024 et le 26 septembre 2025), il a secoué l’ONU, imposant la voix du Mali et, par extension, celle de la Confédération des États du Sahel (AES). Ses interventions ne sont pas de simples discours : elles constituent une démonstration stratégique de souveraineté, une rupture assumée avec la diplomatie traditionnelle et une affirmation du rôle du Mali sur la scène internationale.
Le 24 septembre 2022, MAÏGA, alors Premier ministre par intérim, surprend la communauté internationale. Ce discours marque le premier acte d’une stratégie claire : nommer, dénoncer, affirmer la souveraineté malienne et refuser toute ingérence. Le 28 septembre 2024, il revient, comme ministre d’État. Son ton s’aiguise. Il reproche à GUTERRES de répéter « les récits occidentaux », accuse OUATTARA de trahison panafricaine et qualifie BAZOUM d’illégitime. La surprise vient surtout de sa flèche contre l’Algérie : « Un énergumène diplomatique ne saurait donner des leçons au Mali. » Cette sortie traduit un tournant : le Mali ne se contente plus de se défendre. Il attaque, impose sa narration et révèle les hypocrisies régionales et internationales.
Ce 26 septembre 2025, le Premier ministre Abdoulaye MAÏGA frappe pour la troisième fois. Il dénonce l’ingérence étrangère et annonce : « Nous ne serons pas des spectateurs. Pour chaque balle tirée contre nous, nous réagirons par réciprocité. » Il critique l’inaction internationale face au terrorisme et officialise le retrait de l’AES du Statut de Rome. Ce discours n’est pas qu’un avertissement : c’est la consolidation d’un récit stratégique. Trois interventions, trois messages clairs : le Mali ne pliera pas. Le Mali impose sa souveraineté. Le Mali exige le respect de son destin.
Le Premier ministre Abdoulaye MAÏGA a transformé la parole en arme. Chaque mot est un défi lancé à l’ordre international. Il dénonce les ingérences, expose les hypocrisies, remet en cause les structures multilatérales jugées partiales ou inefficaces. Il incarne une nouvelle posture africaine : ferme, directe et offensive.
Cette stratégie s’inscrit dans une logique géopolitique claire. En réaffirmant la souveraineté nationale et régionale, en dénonçant l’ingérence et en refusant la dépendance aux diktats extérieurs, il place le Mali au centre de son récit et de celui du Sahel. Trois discours, trois moments historiques : de l’intérim au Premier ministre de plein exercice, il a imposé sa voix, secoué les certitudes et affirmé que l’Afrique ne se laisse plus dicter sa loi.
Cette stratégie est double : dissuasion et affirmation. Elle envoie un signal clair aux puissances étrangères, mais aussi à l’opinion africaine et internationale que l’Afrique ne doit plus être une chambre d’écho. Elle rappelle au monde que la légitimité d’un État ne se mesure pas à la validation extérieure, mais à sa capacité à décider pour son peuple.
Le style d’Abdoulaye MAÏGA n’est pas qu’une posture rhétorique : il s’inscrit dans une logique géopolitique régionale. En réaffirmant la souveraineté nationale et celle des membres de l’AES, il contribue à la consolidation d’un bloc sahélien qui entend protéger ses intérêts. Sa critique des ingérences étrangères met en lumière un malaise profond : la perception, au Mali et dans le Sahel, que les structures internationales traditionnelles peinent à répondre aux défis sécuritaires et politiques locaux.
Pour l’audace, il incarne ainsi une nouvelle génération de leaders africains qui n’hésitent plus à confronter l’ordre mondial et à défendre la primauté des États souverains. Il ne s’agit plus seulement de diplomatie : il s’agit de stratégie, d’influence et de narration. Le Mali, à travers ses trois discours, réaffirme sa voix sur la scène internationale. De l’intérim à la pleine fonction, le Premier ministre, Abdoulaye MAÏGA, a transformé la parole diplomatique en instrument de puissance. Trois discours, trois actes fondateurs : il a surpris, confirmé, et enfin consacré son style. Il impose un modèle de souveraineté assumée, incisive, parfois dérangeante pour les chancelleries, mais porteuse d’une nouvelle légitimité. Trois fois, il a parlé. Trois fois, il a frappé. Trois fois, il a rappelé au monde que le Mali est souverain, qu’il est debout, et qu’il ne pliera pas.
Par El Hadj Sambi Touré