Le Conseil national de la transition (CNT) a fait sa rentrée d’octobre, le lundi 2 octobre 2023. Bien que constitutionnellement consacrée à l’examen du budget d’Etat, la sécurité et la reconquête du territoire longtemps laissées sous la coupe des groupes armés de tous acabits se sont invitées au menu du discours d’ouverture de la session du président du CNT. L’honorable-colonel Malick Diaw a-t-il voulu précisé et complété l’annonce du report des élections faite par le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga ?
En faisant dans le même narratif que le capitaine burkinabé, Ibrahim Traoré, l’honorable président du CNT corse la cogitation des politiques sur la tenue des élections, renvoyées sine die, sans autre forme de précision. En effet, en disant dans son discours d’ouverture que c’est «la sécurité sur l’ensemble du territoire (qui) est la priorité absolue» de la Transition, certains y ont vu directement une similitude avec les propos tenus le 30 septembre par le président de la Transition burkinabé qui a affirmé dans une interview que les élections n’étaient pas la première priorité pour son pays qui veut d’abord restaurer la sécurité.
En effet, tout en saluant l’annonce faite par le Gouvernement la semaine dernière, du léger report de la prochaine élection présidentielle, Malick Diaw estime que «ce report vise à lui permettre d’assurer une meilleure organisation de ce scrutin, d’une part et à nos concitoyens une plus grande participation, d’autre part. Nous soutenons donc ce report, car il est gage d’un scrutin apaisé, transparent et crédible ». Le Mali et le Burkina, sont-ils en concertation pour mettre les élections à la saint Glinglin ?
Pour la gouverne des suspicieux, en remettant les propos de l’honorable Malick Diaw dans son contexte, la cohérence ne susciterait aucun quiproquo. En effet, le président du CNT a rappelé les missions fondamentales assignées au Gouvernement de transition, conformément aux recommandations des Assises Nationales de la Refondation qui sont :
1- Assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire national ;
2 – Respecter nos choix stratégiques ;
3- Organiser des élections libres, crédibles et transparentes, gage de paix ;
4- Mener une lutte implacable contre la corruption et l’impunité qui sclérosent notre existence ;
5 – Mettre en œuvre de façon intelligente l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, tout en écartant toute possibilité de partition ou d’atteinte à l’intégrité et à la souveraineté du Mali.
En disant que «la sécurité sur l’ensemble du territoire est la priorité absolue», Malick Diaw reste dans la droite ligne des ANR. Donc, il n’y a, a priori, aucun complot, aucune entente entre colonels, dans le verbe, mais dans l’action si.
En partageant la même foi en l’avenir, avec nos FAMa dans cette reconquête de nos terres longtemps occupées par des hordes de barbares sans foi ni loi ni religion dont le seul souci est de faire souffrir, tuer des populations innocentes qui n’aspirent qu’à la paix et en saluant «la montée en puissance des FAMa oui les braves FAMa qui ont obtenu et obtiennent encore de meilleurs résultats», Malick Diaw guerroie harmonieusement sur les terres du colonel Sadio Camara.
Pour lui, comme pour tous les chefs militaires, «la démonstration la plus achevée de la nouvelle posture des FAMa est leur déploiement avec professionnalisme et en respectant le droit international humanitaire, dans les emprises de la MINUSMA, dans le cadre du processus de leur rétrocession qui doit s’achever le 31 décembre 2023. Je profite pour exhorter le gouvernement et la MINUSMA à mettre tout en œuvre pour non seulement le bon déroulement de ce processus, mais aussi au respect strict du Chronogramme établi ».
Très à l’aise sur ce terrain qu’il maitrise, plus que les joutes parlementaires, le colonel Malick Diaw lance son cri de guerre : «le Mali demeure un et indivisible. Il est notre bien commun. Il est inadmissible qu’un groupe d’individus, de quelque lieu que ce soit, vienne saper les bases de l’unité nationale. Tout peut être négocié au Mali sauf la partition du pays ; et les maliens sont prêts à se sacrifier pour préserver leur souveraineté.
Le Drapeau du Mali : le vert – l’Or – le Rouge doit flotter haut, très haut, partout sur l’étendue du territoire national.
La maîtrise dont nos forces de défense et de sécurité font preuve, depuis le début de cette transition, prouve que l’armée malienne est devenue une référence aujourd’hui en matière de capacités opérationnelles et de force de frappe au niveau de notre continent et bien ailleurs »
PAR MODIBO KONE