Notre pays a vécu, ce samedi, l’une des journées les plus noires de son histoire en basket-ball. Les Aiglonnettes et les Aiglonnets, fers de lance de la jeunesse malienne sur les parquets africains, ont tous deux chuté en demi-finales de l’AfroBasket U16, mettant fin à des séries historiques et remettant en question l’avenir du basketball jeunesse au Mali.
La défaite des Aiglonnettes face à la Côte d’Ivoire (40-45) a provoqué une onde de choc dans le monde sportif malien et africain. Pour la première fois depuis la création du tournoi, le Mali ne disputera pas la finale de l’AfroBasket U16 féminin. La série historique de huit titres consécutifs s’arrête brusquement, et avec elle, la suprématie incontestée du Mali dans la catégorie.
L’analyse du match révèle plusieurs facteurs. La maladresse offensive des Aiglonnettes a été déterminante : seulement 40 points inscrits, un score historiquement bas pour une équipe habituée à des performances à deux chiffres supérieurs.
La Côte d’Ivoire, plus agressive défensivement et mieux organisée sur les contre-attaques, a su exploiter les failles maliennes, notamment dans le jeu intérieur et la gestion du rebond.
Au-delà du score, c’est la psychologie de l’équipe qui a semblé vaciller. Le poids de l’héritage et l’attente d’une neuvième finale consécutive ont, sans doute, pesé sur les jeunes joueuses, qui ont peiné à maintenir leur sang-froid dans les moments cruciaux.
Du côté masculin, la défaite contre le Cameroun (61-56) a montré une confrontation serrée, mais où le Mali a manqué de sang-froid dans les dernières minutes.
Les Aiglonnets, malgré un début de match prometteur, ont été incapables de contrer les offensives rapides camerounaises et ont multiplié les pertes de balle dans les moments décisifs.
Cette défaite met fin à la série de performances impressionnantes des jeunes Aiglonnets au niveau continental, et soulève des questions sur la préparation physique et tactique de nos équipes.
Alors que le Mali est réputé pour son vivier de talents dans le basketball, cette double élimination interroge sur l’encadrement, la stratégie et la continuité de la formation jeunesse.
Cette double déconvenue n’est pas seulement une défaite sportive. Elle reflète également des enjeux plus larges.
Il s’agit d’une part du renouvellement générationnel.
Les générations montantes doivent combler le vide laissé par les stars précédentes. Les Aiglonnettes et Aiglonnets de 2025 représentent une transition, et cette double défaite peut servir de leçon pour mieux préparer les futurs talents.
D’autre part, nous devrions revoir la préparation et l’encadrement de nos équipes. Ces résultats suggèrent un besoin d’amélioration dans la préparation tactique et mentale des équipes. La gestion du stress et l’adaptation aux nouvelles stratégies adverses doivent être intégrées dès le plus jeune âge.
Enfin, nous devrions tenir compte de l’émergence des rivaux africains. La Côte d’Ivoire et le Cameroun démontrent que la concurrence sur le continent se renforce. Le Mali ne peut plus compter uniquement sur son héritage historique pour dominer.
Pour rebondir, la Fédération Malienne de Basketball devra procéder à une analyse approfondie des causes de ces défaites.
Le développement du basketball jeunesse doit intégrer non seulement les compétences techniques, mais également la préparation mentale et la résilience face à la pression. Cette journée historique à Kigali, bien que douloureuse, peut devenir un point de départ pour une nouvelle stratégie de formation et de compétitivité.
Les Aiglonnettes et les Aiglonnets, malgré la défaite, représentent encore l’espoir d’un Mali capable de retrouver sa suprématie sur les parquets africains. En attendant, la double élimination restera gravée dans les annales comme un signal d’alerte : le Mali doit se réinventer pour rester le géant du basketball jeunesse africain.
Par El Hadj Sambi TOURÉ