Lors de son interview diffusée jeudi soir (26 septembre 2025) sur la télévision nationale algérienne (EPTV), le président Abdelmadjid Tebboune s’est exprimé avec une rare violence et un mépris abjecte doublé de racisme sur notre partenariat militaire avec la Russie et sur la situation économique et sociale de notre pays.
Le président Abdelmadjid Tebboune a évoqué le contexte sécuritaire particulier de notre pays, en lien avec la lutte contre le terrorisme. Il a rappelé les tensions frontalières et la nécessité d’une approche régionale, mais sans piper mot sur l’incident de notre drone abattu par son armée à Tinzaouatène en avril 2025. Du haut d’une condescendance raciste, il a insisté sur l’importance d’une aide «au commencement» pour ‘‘les pays africains en difficulté’’, citant implicitement le Mali comme exemple d’un État confronté à des défis multiples (sécurité, mais aussi développement).
Pour lui : «Il faut arrêter de donner des armes aux pays africains ; ils n’ont pas d’eau, pas de pain, pas d’écoles ; leur peuple souffre. Ceux qui veulent aider les pays africains doivent commencer par le commencement.» En d’autres termes, un partenariat militaire avec la Russie n’est pas adapté aux besoins basiques des populations maliennes qui manquent d’eau, de nourriture, d’éducation.
Le président Tebboune sous-entend que prioriser les armes aggrave la souffrance des Maliens, alors que l’Algérie, en tant que voisin, privilégie une médiation diplomatique (bien que rejetée par Bamako en juillet 2025).
Pour le président d’une Algérie qui fait face à un stress hydrique sévère, avec une disponibilité par habitant tombée à environ 300 m³/an (contre 1 700 m³ en 1962), c’est une sortie honteusement osée contre le Mali. En 2025, des pénuries chroniques d’eau affectent 80 % des grandes villes algériennes, avec des coupures d’eau courante jusqu’à plusieurs jours par semaine dans des wilayas comme Alger, Oran et Béjaïa. Cela entraîne des risques sanitaires (contaminations bactériennes) et des tensions sociales, forçant les ménages à recourir à des citernes privées coûteuses ou à l’eau non traitée… Voici un hypocrite qui voit la paille dans l’œil de son voisin, alors qu’il se pavane avec une poutre dans l’œil.
Selon plusieurs sources crédibles (ISS Africa, UNICEF, etc.), autour de 80-85 % de la population malienne a accès à une source d’eau améliorée. Cela comprend l’eau fournie par des puits forés modernes, les pompes, les robinets reliés à un réseau contrôlé, etc. Le projet Kabala à Bamako a permis d’augmenter la production d’eau potable (notamment sur la rive gauche), de créer des branchements subventionnés, et d’accroître le réseau de distribution (worldbank.org+1). Notre pays s’est fixé pour objectif de porter le taux national d’accès à l’eau potable de base d’environ 70,9 % en 2021 à 85 % d’ici à 2026, avec en plus un souhait que 90 % des écoles et centres de santé publics aient un accès à l’eau potable (sdgs.un.org).
Malgré une production agricole en hausse (autosuffisance en blé dur visée pour 2025), l’Algérie importe 70 % de ses besoins alimentaires (céréales, lait, huile), rendant le pays vulnérable aux chocs mondiaux (inflation +30 % en 2024). En 2025, 15-20 % de la population urbaine est en insécurité alimentaire modérée, avec des hausses de prix (pain +25 %, légumes +40 %) dues à la sécheresse affectant 30 % des récoltes. Les enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition : 10 % de retard de croissance (stunting) et 20 % d’anémie, particulièrement dans les bidonvilles d’Alger et Oran…
Faudrait-il simplement rappeler au président sénile que le Mali, pays majoritairement agricole employant près de 80 % de sa population active, est autosuffisant dans des céréales de base comme le mil et le sorgho (qui représentent la nourriture principale pour 80 % de la population), même si notre pays dépend fortement des importations pour d’autres produits essentiels.
Dans le pays qui dépense 21 milliards de dollars par an dans sa défense, le système de santé, gratuit en théorie, est sous-financé (6 % du PIB en 2025) et surchargé, avec un ratio de 1 médecin pour 1 500 habitants (contre la moyenne OMS de 1/1 000). Les pénuries de médicaments et de réactifs (biologie médicale : 40 % des besoins non couverts en 2025) touchent 60 % des hôpitaux publics, entraînant des diagnostics retardés et des mortalités évitables (maternelle : 112/100 000 naissances). Les épidémies réémergences comme le choléra (foyers en 2024-2025 dus à l’eau contaminée) et la tuberculose (taux +15 % post-COVID) affectent les zones périurbaines.
Dans l’Algérie du raciste Tebboune, avec un taux d’alphabétisation de 85 % (progrès depuis 1962), la qualité et l’accès de l’éducation posent un problème : 20 % des enfants ruraux (surtout filles) abandonnent avant le secondaire, et 30 % des écoles manquent d’infrastructures (salles surpeuplées, 40 élèves/classe). En 2025, les inondations et les sécheresses ont fermé 500 écoles temporairement, affectant 200 000 élèves. Le décrochage scolaire touche 15 % des adolescents urbains, lié à la pauvreté et au travail infantile (10 % des 5-14 ans).
Dites au vieux de descendre de son petit nuage et de s’inspirer un tout petit peu de ce qui se passe dans le Mali d’Assimi GOÏTA.
PAR ABDOULAYE OUATTARA