Le gouvernement de transition a annoncé le vendredi dernier le report du scrutin référendaire à une date ultérieure qui sera fixé par l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE). Ce report du premier scrutin du chronogramme électoral, dont l’issue serait la présidentielle de février 2024, pourrait avoir de graves conséquences sur le processus de retour à l’ordre constitutionnel de façon globale ?

Dans son annonce, le gouvernement explique que le report permettra d’installer les démembrements de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) dans les 19 régions administratives du Mali, le district de Bamako et au sein de la diaspora malienne établie à l’étranger.
D’ailleurs, le gouvernement fait savoir par la même occasion que c’est l’AIGE qui sera chargé de fixer la date pour les prochains scrutins. Ce qui montre que le Chronogramme annoncé par le gouvernement au mois de juin 2022 pour obtenir la levée des sanctions de la CEDEAO risque de connaître une modification sur toute la ligne.
Ainsi, on passerait d’un Chronogramme politique annoncé par le gouvernement à un chronogramme technique fixé par l’AIGE, l’autorité compétente en la matière.
Mais la question que l’on se pose à ce niveau est de savoir quelle sera la réaction de la communauté internationale en cas de dépassement du délai initial de la transition dont la fin est prévue pour mars 2024 ?
Dans le dilemme, va-t-elle être séduite où alors va-t-on vers de nouvelles sanctions de la CEDEAO ?
En tout cas, ce report fait suite à la sortie de la Cour constitutionnelle dont le président avait affirmé que sa structure n’était pas prête à jouer son rôle dans la mise en œuvre du chronogramme.
L’annonce faite par le gouvernement de transition ne cesse de susciter des réactions, notamment au sein de la société civile qui voit dans cette démarche du gouvernement, une autre manière de proroger la transition.
A ce propos, le président du Parti socialiste démocrate Africain (PSDA), Ismaël SACKO, un ex dignitaire du régime d’Ibrahim Boubacar KEITA, rappelle que cette transition militaire nous a habitués à ne pas respecter ses engagements. Ayant certainement à l’esprit une première prorogation du délai de la transition de 24 mois dont la fin était prévue pour mars 2022. Pour lui, cela s’explique par ‘’leur mauvaise foi, leur incompétence et leur volonté de se maintenir au pouvoir.»
Au regard de ce qui précède, on se rend compte que nous sommes face à deux logiques qui s’affrontent sur la gestion de la transition.
La première est celle du gouvernement qui estime que les réformes politiques et institutionnelles sont prioritaires par rapport aux élections.
D’ailleurs, à ce propos, le ministre d’Etat, Abdoulaye MAIGA, a toujours dit à qui veut l’entendre que le chronogramme n’est qu’indicatif dans le processus électoral. Un outil qui permet aux structures compétentes d’engager les actions qui s’imposent et d’en tirer les conséquences au moment venu, comme le cas de ce report du référendum suite aux difficultés rencontrées dans la mise en place de l’AIGE et l’opérationnalisation du découpage territorial.
Alors, on est fondé à croire que le chronogramme communiqué à le CEDEAO était juste une manière pour le gouvernement de montrer sa bonne foi vers un retour à l’ordre Constitutionnel. A ce niveau, le gouvernement justifie sa décision par les conclusions des Assises nationales de la refondation qui préconisent un certain nombre de réformes prioritaires avant l’organisation des élections.
Mais de l’avis de certains observateurs, le gouvernement est déterminé à mettre en œuvre toutes les réformes avant l’organisation des élections.
Cette vision des autorités de la transition se heurte à la logique électoraliste de la CEDEAO et d’une grande partie de la classe politique et des organisations de la société civile qui estiment que tout doit être mis en œuvre pour organiser les élections de sortie de crise.
D’ailleurs, certains acteurs du processus électoral, à l’image de la Modele-Mali, invitent le gouvernement à abandonner ses réformes et à se consacrer à l’organisation des élections prioritaires de sortie telle que l’élection présidentielle avant d’éviter de nouvelles sanctions au pays.
Face à la situation, il est important que le gouvernement engage le dialogue avec tous les acteurs pour trouver un consensus politique. Ou alors se résoudre à affronter une nouvelle fois la communauté internationale.

Par Abdoulaye OUATTARA

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