Un Collectif dit de défense des militaires qui s’octroie les prérogatives constitutionnelles de la Cour constitutionnelle pour proclamer le Général des Généraux, le Général d’Armée Assimi Goïta, Président de la République…, flaki. Des citoyens distingués ‘‘service rendus à la nation’’ par une structure privée, en l’occurrence l’Institut de Développement des Secteurs Afrique Consulting SARL, et devant le grand Chancelier des ordres nationaux… Où sommes-nous ? En tout cas, pas dans une fiction de série B, mais bien dans un des trois pays souverains de l’Alliance des États du Sahel, le nôtre, notre Maliba qui est devenu le Mali-Koura de certains.

Comme dirait l’humouriste français André Pierre Dac ‘‘quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites’’. En d’autres termes, ‘‘Il est permis de dépasser les bornes, à condition toutefois de rester dans les limites’’. Dans L’Os libre, l’auteur conseillE : « la patience a des limites ; les limites ont des bornes ; les bornes ont des oreilles. Et lorsque les oreilles des bornes qui limitent la patience commencent à s’échauffer, c’est le signe infaillible et précurseur de tout ce qui peut se produire non seulement par la suite mais également après coup».

Après avoir obtenu la dissolution qui ne s’imposait pas des partis politiques et imposer l’idée d’octroyer un mandat de 5 ans au président de la transition, le Collectif pour la défense des militaires qui fait officier de porte-parolat officiel de la transition, passe à une nouvelle séquence de son scénario : faire du président de la transition, président de la République tout court. Basta les élections. Sauf que même dans cette République que le CDM envisage, il ne peut y avoir un président de la République sans élection. Or, pour les partisans de la transition, pas question de s’embarrasser d’élections tant que tout n’est pas stable. ‘’Donc Asso ta naye’’.

En attendant de pouvoir sortir de la tourmente constitutionnelle dans laquelle le Collectif des militaires veut nous plonger, nous voilà face à une nouvelle équation républicaine inextricable. Dans un cadre des plus officiels, l’enceinte solennelle du Centre International des Conférences de Bamako ( CICB), ce vendredi 30 mai 2025, une cinquantaine de récipiendaires, représentant divers secteurs d’activité, ont été distingués pour leur mérite et leur dévouement à la cause nationale, leur engagement constant et leur contribution significative au développement de notre cher pays… par l’Institut de Développement des Secteurs Afrique Consulting SARL. Le tout devant le grand chancelier des ordres nationaux qui a dû recevoir de nouvelles missions au-delà de celles spécifiées à l’article 2 du décret n°2019-1034/P-RM du 31 décembre 2019 portant l’organisation et les modalités de fonctionnement de la grande chancellerie des ordres nationaux du Mali.

À travers cette reconnaissance, l’Institut qui va mettre le Grand chancelier au chômage ou sous sa tutelle, entend mettre en lumière le parcours exemplaire des récipiendaires dont les actions impactent positivement la sphère publique, grâce à un leadership reconnu et une intégrité saluée par ses pairs. Parmi les récipiendaires crédibles, Papa N’a Buzz dit Idriss Martinez, celui-là contre lequel le ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille a demandé au Procureur de poursuivre pour apologie manifeste du viol, apologie de crime et incitation à la violence sexuelle et s’érige en partie civile. Une de ses sorties constituant une offense intolérable à la mémoire des victimes, une banalisation révoltante de la violence faites aux femmes et aux filles et une atteinte directe aux valeurs fondamentales de notre société. Comme lui, beaucoup d’autres dont notre président Bandjougou Danté de la MP ont été distingués ce vendredi 30 mai 2025 pour les services rendus à la nation Malienne par l’institut de développement des secteurs Afrique Consulting, SARL. Avant eux, le même Institut avait décerné le 30 décembre 2022 au Dr Allaye Bocoum, Président de la CPM (Convention Pour le Mali) la distinction de « l’une des meilleures personnalités politiques de 2022» du Mali au cours d’un dîner- gala organisé à cet effet pour avoir coordonné plusieurs activités tout en gardant humilité, notamment la grande mobilisation du 14 janvier 2022, l’accueil de la marche panafricaine, l’accueil du PM P/i Colonel Maiga, les luttes sociales menées contre toutes les formes d’injustice et son engagement sans faille pour rassembler le maximum de Mouvements et de personnes autour de la transition pour un Mali meilleur.
Jusqu’où nous irons dans la confusion, et le brouillard, pour ne pas dire brouillage. Revient-il à une structure privée, fut-t-elle un Institut au nom ronflant, de distinguer des citoyens parmi 23 millions de Maliens pour service rendu à la nation ? La République a-t-elle délégué sa souveraineté à l’institut de développement des secteurs Afrique Consulting, SARL ? Dans quelle République sommes-nous enfin ? An ka sabali.

MODIBO KONÉ

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