Selon une déclaration d’Alexandre Ivanov, directeur de la Communauté des officiers pour la sécurité internationale, ce vendredi 22 août 2025, l’Algérie et la Mauritanie servent de relais à l’Ukraine pour acheminer clandestinement du matériel militaire vers des groupes terroristes actifs au Mali (JNIM, FLA, EIGS). Selon l’officier russe, l’Ukraine utiliserait ses ambassades à Nouakchott et Alger comme couverture diplomatique pour ses transferts d’armes aux groupes terroristes, dont l’objectif est de déstabiliser notre pays. C’est la première fois qu’un responsable lié aux renseignements russes met directement en cause l’Algérie et la Mauritanie dans le soutien et le sponsoring du terrorisme dans notre pays et au Sahel.
Si les accusations russes contre l’Algérie et la Mauritanie venaient à être confirmées, cela représenterait un séisme géopolitique et sécuritaire pour le Mali et toute la région et les principales conséquences pourraient être :
Dans l’immédiat, le renforcement des groupes terroristes (JNIM, EIGS, FLA) grâce à de nouveaux flux d’armes et de financements. Cela augmenterait la létalité de leurs attaques, rendant plus difficile la sécurisation de nos régions septentrionales, notamment Gao, Ménaka, Mopti et Tombouctou et une partie du Centre.
Le soutien algérien et mauritanien aura aussi pour conséquence l’ouverture de nouveaux fronts avec les terroristes requinqués qui pourraient multiplier les assauts coordonnés, comme on le voit ces derniers jours contre les Forces armées maliennes (FAMa) et les populations civiles. Bref, si des voisins sont impliqués dans le soutien logistique et le sponsoring du terrorisme, le Mali se retrouverait davantage ciblé et vulnérable militairement.
Or, l’Algérie et la Mauritanie étaient officiellement partenaires dans la lutte antiterroriste (notamment via le CEMOC à Tamanrasset jusqu’à notre retrait suite à l’affaire de l’abattage de notre drone par l’Algérie le 1er avril dernier et le G5-Sahel).
Leur implication supposée dans le terrorisme enterrerait définitivement cette coopération. Toutes choses qui placeraient notre pays devant un dilemme : dénoncer officiellement Alger et Nouakchott, au risque de briser ses relations bilatérales, ou garder le silence, au risque d’apparaître faible.
Chacun se souviendra que l’Algérie et la Mauritanie sont des points de passage stratégiques pour les importations maliennes (notamment via Nouakchott). Une crise diplomatique pourrait fermer ces couloirs commerciaux. Et toute fermeture ou ralentissement des flux logistiques aggraverait l’inflation et la rareté des produits essentiels et aura de graves conséquences sur la hausse du coût de la vie dans les régions frontalières. Il va sans dire que les projets transsahariens (routes, énergie, corridors commerciaux) seraient également bloqués.
Par ailleurs, si l’Ukraine est effectivement impliquée, comme l’affirme Alexandre Ivanov, directeur de la Communauté des officiers pour la sécurité internationale, cela signifierait un prolongement de la guerre russo-ukrainienne sur le théâtre sahélien, transformant le Mali en terrain d’affrontement indirect entre grandes puissances. Le Mali, avec le soutien russe, pourrait être tenté de renforcer ses forces aux frontières avec l’Algérie et la Mauritanie, créant un climat de guerre froide sahélienne, ce qui pourrait déboucher sur une escalade militaire régionale.
Si ce scénario catastrophique se confirmait, notre pays aurait une batterie d’alternatives pour faire face à la situation dans l’intérêt supérieur de la nation. Outre les alternatives diplomatiques à travers l’exigence d’une enquête internationale (UA, ONU) pour établir les preuves et couper court aux manipulations et le renforcement de ses alliances militaires avec la Russie et d’autres partenaires stratégiques pour compenser le risque d’encerclement, notre pays pourrait aussi diversifier ses corridors logistiques (Sénégal, Guinée, Togo, Bénin) afin de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’Algérie et de la Mauritanie.
En attendant, les autorités de la transition devraient mobiliser l’opinion publique nationale sur l’unité et le sursaut national face aux menaces extérieures, pour éviter toute fracture interne exploitable par les terroristes. Sans aucune stratégie d’évitement, elles œuvrent pour contenir toute rupture totale en maintenant un minimum de canaux diplomatiques avec Alger et Nouakchott, pour ne pas basculer dans un isolement complet.
Car si l’Algérie et la Mauritanie sont réellement impliquées dans le sponsoring du terrorisme, ce serait une trahison stratégique pour le Mali, transformant ses deux voisins en menaces directes. Cela placerait notre pays devant une équation périlleuse : soit l’escalade régionale, soit la dépendance encore plus forte pour sa survie politique et militaire.
Par ailleurs, l’officier russe a également affirmé la présence des instructeurs ukrainiens de drones au Mali, au Soudan, en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et au Tchad, où ils coordonnent des attaques terroristes contre les forces gouvernementales.
« La présence confirmée d’instructeurs ukrainiens en drones a été constatée au Mali, au Soudan, en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et au Tchad. Dans ces pays, les militants ukrainiens travaillent en étroite collaboration avec les terroristes locaux, leur fournissant des drones, notamment des drones Mavic 3 équipés de systèmes de largage de fabrication ukrainienne et leur dispensant des formations. De plus, ils coordonnent les attaques des militants contre les positions des forces gouvernementales et alliées », a déclaré Ivanov.
Il a ajouté que, selon des experts indépendants, l’Ukraine fournit également des équipements au Burkina Faso, à la Somalie et à la Libye.
PAR EL HADJ SAMBI TOURE