Le 21 février dernier, lors d’une réunion du Conseil national de sécurité, le président tunisien, Kaïs Saïed, a déclaré que les migrants irréguliers étaient désormais indésirables sur le territoire tunisien. Il a clairement affirmé que la présence des Africains subsahariens en Tunisie était source de «violence, de crimes et d’actes inacceptables». Des propos haineux qui sont aujourd’hui la cause des violences que subissent des milliers d’Africains subsahariens dans ce pays. Face à cette situation qui a déjà beaucoup de victimes, faudrait-il appliquer la loi de Talion ?
Depuis le début de ces hostilités, des milliers d’Africains subsahariens ont été soit tués, tailladés, pillés, violés ou sérieusement violentés. Beaucoup d’autres ont perdu leur business.
Dans un communiqué, le président de la commission de l’Union africaine a condamné fermement les déclarations raciales du président tunisien sur les compatriotes africains en Tunisie.
Aussi, l’Union africaine a rappelé que tous les pays, en particulier les États membres de l’union africaine, doivent honorer les obligations qui leur incombent en vertu du droit international et des instruments pertinents de l’union africaine, à savoir traiter tous les migrants avec dignité, d’où qu’ils viennent ; s’abstenir de tout discours haineux à caractère raciste, susceptible de nuire aux personnes, et accorder la priorité à leur sécurité et à leurs droits fondamentaux.
Face à la montée de la violence et des actes de racisme et de xénophobie, les gouvernements de plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne ont pris des dispositions pour faire rapatrier leurs compatriotes.
Mais, en plus des traditionnels communiqués de condamnation et les mesures en cours pour faire rapatrier les Africains subsahariens, la gravité de la situation doit amener les gouvernements respectifs à prendre des mesures énergiques contre ce pays qui n’a pas hésité à fouler au pied le respect des droits de l’homme.
Très en colère face aux atrocités que nos compatriotes présents en Tunisie endurent actuellement, certains appellent les gouvernements des pays concernés à appliquer la loi de Talion.
À défaut de cette mesure de réciprocité, l’Union africaine doit prendre des mesures de restriction contre la Tunisie pour l’amener à regretter cette sauvagerie contre ces Africains dont le seul tort a été de se retrouver dans ce pays soit pour étudier, pour se faire soigner ou encore à la recherche du mieux vivre.
Ces mesures doivent frapper en premier lieu le président Kaïs Saïed qui est le premier responsable de cette chasse à l’homme. À travers ses arguments tirés par les cheveux sur la migration, il met aujourd’hui en danger la vie de plusieurs milliers d’Africains innocents.
En plus de l’Union africaine, c’est l’occasion pour les dirigeants des pays concernés de s’unir pour prendre des décisions courageuses à l’encontre du gouvernement tunisien. C’est à ce prix que les ressortissants de l’Afrique subsaharienne seront respectés à travers le monde.
Aussi, les dirigeants des pays concernés doivent tirer des leçons de cette situation en créant plus d’opportunités d’emplois pour les jeunes. La triste réalité est que beaucoup de ces pays de destination pour les migrants ne sont pas dotés en richesses naturelles plus que nos pays.
La plupart des pays de l’Afrique subsaharienne sont dotés d’immenses richesses naturelles par Mère Nature. Mais, à cause de la corruption et le manque de volonté politique, les jeunes sont souvent obligés d’aller faire ailleurs ce qu’ils peuvent bien faire dans leur pays et gagner dignement leur vie.
Aussi, nos Etats doivent faire plus d’investissement dans le domaine des infrastructures éducatives et sanitaires. Cela quand on sait que beaucoup d’Africains se retrouvent dans ces pays pour des raisons sanitaires ou encore pour les études universitaires.
Les autorités sont interpellées à investir dans les projets de développement et dans les infrastructures indispensables pour éviter de telles situations.
PAR MODIBO KONE