Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a reçu le dimanche dernier une délégation des ex-rebelles de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) signataires de l’Accord pour la paix en 2015 sous l’égide de l’Algerie, qui ont dit chercher à sortir de « l’impasse » et du « statu quo » en pleine tension avec les autorités de la transition malienne.

Les groupes indépendantistes et autonomistes de la (CMA) ont annoncé en décembre 2022 suspendre leur participation au processus de mise en œuvre de l’Accord, arguant « l’absence persistante de volonté politique » de la transition. La médiation internationale, avec l’Algérie dans un rôle prééminent, s’emploie depuis des semaines à rapprocher les parties.
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a reçu ce dimanche 26 février 2023, à Alger, les chefs et les représentants des «mouvements politiques de la République du Mali», en visite dans le pays depuis plusieurs jours.
Se félicitant du rôle que joue l’Algérie dans «la résolution des problèmes au Mali», le secrétaire général du MNLA, Bilal Ag ACHERIF, porte-parole des mouvements indépendantistes, a indiqué que la rencontre avait permis de souligner l’engagement ferme de l’Algérie en faveur d’une «nouvelle dynamique de paix dans la région.
La CMA, dans un communiqué, a dit avoir évoqué ses attentes et ses priorités, et élaboré «des pistes de solutions pouvant aider à sortir de l’impasse et du statu quo actuel».
Le président Tebboune a réaffirmé l’engagement fort de l’Algérie auprès des Maliens «de tous bords» afin d’aboutir «à une entente sur la diligence d’un élan commun avec des garanties plus strictes», poursuit le communiqué.
Selon des sources concordantes, la délégation des ex-rebelle avait à cœur de marquer un grand coup diplomatique et médiatique en se déplaçant à Alger avec le drapeau de la fantomatique Etat de l’Azawad déclaré le 6 avril 2012 et célébré chaque année, devant des représentant de la communauté internationale, notamment, la France, le Niger et la MINUSMA.
Mais au sortir de l’audience, la diplomatie algérienne a fait animer un point de presse par la délégation des ex-rebelle avec un pupitre pavoisé au couleur du Mali (drapeau national). Un sacré déculotté pour les indépendantistes qui accrédite, au-delà des apparences et autres dérapages verbaux, l’attachement de l’Algérie à la préservation de l’unité territoriale du Mali.
Cette prise de position diplomatique d’Alger est juste un retour d’ascenseur compte tenu du rôle joué par les dirigeants maliens dans la lutte de libération du Peuple algérien contre la domination française.
En effet, et c’est un secret de polichinelle, les dirigeants soudanais de l’époque de l’éphémère fédération du Mali, étaient montés au créneau pour dénoncer vigoureusement les essais nucléaires français dans le désert algérien entre 1960 et 1966.
C’est d’ailleurs l’une des causes lointaines de l’éclatement de ladite fédération suite aux manœuvres souterraines du service secret français, poussant les dirigeants sénégalais vers la sortie de la fédération dont l’éclatement a été effectif en août 1960.

Deuxième acte de contrariété des relations entre la Fédération du Mali et la France, le Soudan devenu République du Mali a apporté tout son soutien matériel et logistique à l’Algérie combattante contre le France colonialiste.
Le front du sud de l’aile militaire du Front de libération nationale (FLN), étaient dirigé par feu président Bouteflika, alors basé à Gao avec le sobriquet militaire «l’Africain».
Compte tenu de cette prise de position des dirigeants maliens et au regard de la perte inévitable de l’Algérie qui était une colonie de Peuplement, la France a tenté de créer L’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS) en amputant une bonne partie du septentrion malien dont les leaders communautaires avaient été instrumentalisés pour rejeter le Mali sous la direction des « Nègres » ayant pris leur QG à Koulouba (Palais présidentiel).
La création de cette OCRS visait deux objectifs majeurs qui n’avaient rien à voir avec les intérêts des populations locales que la France prétendait sauver de la domination du Noir, à savoir : la poursuite des essais nucléaires dans le désert, c’est-à-dire plus au sud de l’Algérie ; et l’exploitation des ressources naturelles dont le vaste Sahara est supposé disposer, notamment le pétrole.
Selon de nombreux observateurs et historiens, la France a finalement lâché prise en Algérie lorsqu’elle a pu trouver une solution de rechange à ces deux problématiques, avec la découverte du pétrole au Gabon et le site de Mururoa pour les essais nucléaires, aux Antilles.
Bref, le Mali continue de payer ce soutien historique à l’Algérie indépendantiste, la France n’ayant jamais abandonné l’idée de partition du Mali, en représailles.
En clair, le Mali et l’Algérie doivent rester main dans la main pour faire échec à ce projet funeste et honorer ainsi la mémoire de tous les martyrs de la colonisation française en Afrique.
Pour rappel, l’Algérie, qui partage avec son voisin du sud (Mali) quelque 1400 km de frontières, a pris une part active à l’accord de paix signé en 2015 avec la rébellion indépendantiste pour mettre fin à la guerre au Mali. Cet accord de paix, qui prévoit notamment des mesures de décentralisation et l’intégration des ex-rebelles dans l’armée nationale, n’est que très peu mis en œuvre.

Par Abdoulaye OUATTARA

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