Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a enregistré 58 incidents d’accès humanitaire, soit une baisse de 29 % par rapport au mois de juillet (82 incidents). Une amélioration relative qui ne masque pas les risques croissants, notamment dans le sud du pays.
« Malgré une baisse apparente des incidents d’accès, le contexte reste volatile et imprévisible », souligne OCHA dans son bulletin publié le 12 septembre, qui appelle à « renforcer les mécanismes d’accès sécurisés, d’adapter les stratégies d’accès communautaires et de maintenir une coordination proactive de proximité pour la préservation de l’espace humanitaire, la continuité des opérations humanitaires et la protection des populations affectées ».
Les incidents liés aux engins explosifs demeurent préoccupants : 34 cas recensés en août, soit une baisse de 11 % par rapport à juillet. Dans le même temps, les violences directes contre les humanitaires ont atteint 8 cas, dont « un cas d’enlèvement d’un personnel humanitaire ainsi que son véhicule à Koutiala ».
OCHA observe également « une extension progressive des contraintes d’accès vers les régions du sud du pays », avec 11 incidents d’accès à Sikasso. Dans cette région, des infrastructures essentielles aux opérations humanitaires ont été ciblées : « des antennes GSM dans les localités de Doumanani (commune de Miria), Tella (commune de Tella), Niaradougou et Fonsebougou (commune de Doumanaba) ».
Ces destructions, associées aux contrôles irréguliers des acteurs armés, pourraient constituer, selon le rapport, « un signe précurseur d’une imposition de restrictions d’accès dans ces zones ».
Les conditions climatiques aggravent aussi les obstacles. « De fortes précipitations ont provoqué d’importants ruissellements, entravant l’accès routier dans la région de Douentza, et endommageant la RN16 », indique OCHA. Cette route, coupée en deux sur l’axe Douentza–Gao, « limite la mobilité et complique l’acheminement de l’assistance humanitaire ».
À Kidal, la situation reste particulièrement tendue : « L’accès à la ville reste difficile en raison de l’insécurité sur les axes notamment Gao – Anefif – Kidal. La circulation des personnes et des biens est fortement limitée avec des difficultés d’approvisionnement. Cette situation accroît les besoins humanitaires dans la zone », détaille le rapport.
Dans la région de Tombouctou, l’OCHA note toutefois un léger progrès : « À partir du 26 août, la restriction d’accès imposée à Gossi a été assouplie et a permis une reprise de la libre circulation des personnes et des biens et le réapprovisionnement des marchés ».
Mais ailleurs, les contraintes persistent : « Les vols humanitaires continuent de faire face à des problèmes de carence de carburant et de rupture de stocks à Gao et Mopti », conséquence directe des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement dues à l’insécurité.
Quelques jours auparavant, l’OCHA, dans un rapport, avait alerté sur une forte dégradation de la mobilisation de ressources financières de cette année par rapport aux années précédentes. En 2023, le PRH avait été financé à hauteur de 32 %, puis 29 % en 2024. En 2025, la courbe plonge brutalement : 13,1 % seulement des besoins couverts à fin août, soit le taux le plus bas depuis une décennie. Si les besoins n’ont jamais été couverts à 100%, par ailleurs, notre pays a atteint la barre de pourcentage jugé satisfaisant. Ainsi, en 2018, le pays a mobilisé 54% de ses besoins pour financer l’humanitaire. En 2019, la barre de 50% avait aussi été atteinte.
Pendant que les partenaires peinent à financer l’humanitaire, les besoins dans notre pays explosent, aggravés par l’insécurité, les déplacements forcés, l’effondrement des services sociaux de base et les conséquences du changement climatique. Ces faits exacerbent la situation dans notre pays et renforcent la vulnérabilité des femmes et des enfants qui sont les plus touchés.
La crise de financement affecte différemment les secteurs. Le cluster sécurité alimentaire, qui représente à lui seul plus du tiers des besoins (254,9 M$), n’a reçu que 17,9 M$. La protection (102,2 M$ requis) n’est financée qu’à hauteur de 16,1 M$. La nutrition (71,5 M$ demandés) n’a reçu que 6,5 M$, tandis que l’éducation (70,2 M$) n’a collecté que 7,7 M$.
PAR SIKOU BAH