Plus d’une semaine après la dissolution des partis politiques par le Conseil extraordinaire du mardi 13 mai 2025, la grande majorité des acteurs politiques semble être toujours sous le choc, à l’exception de quelques téméraires qui refusent le silence à l’image de Me Mountaga TALL et l’ancien ministre Yaya SANGARE. Ce dernier, dans un entretien qu’il a bien voulu nous accorder, se demande toujours à quoi sert cette dissolution ? Respecte-t-elle les textes de lois en vigueur ? Pour lui, rien n’indique qu’elle contribuera à améliorer les conditions de vie des Maliens.
Alors que les rassemblements et réunions politiques sont désormais interdits jusqu’à nouvel ordre, la résistance républicaine face ’’aux dérives autoritaires’’ semble s’organiser progressivement, notamment sur les réseaux sociaux.
Pour ces acteurs politiques, le silence n’est pas une option quand la liberté est en danger, et l’ancien ministre, Yaya SANGARE, fait partie de ces acteurs.
«J’observe comme beaucoup d’autres maliens choqués par la décision et attends sereinement la suite», a déclaré, via WhatsApp, M. SANGARÉ qui estime que cette décision inconstitutionnelle ne saurait perturber aucunement les Maliens épris de liberté, de démocratie et de justice.
Dans tous les cas, il s’est dit convaincu que rien n’indique qu’elle contribuera à améliorer les conditions de vie des Maliens. À fournir l’électricité régulièrement aux Maliens, à assurer leur sécurité, à améliorer la gouvernance, à assurer leur sécurité alimentaire, leur accès aux services sociaux de base, l’emploi, etc.
En tant que citoyen ayant exercé dans un passé récent des responsabilités politiques, il affirme que ce sont les partis politiques qui ont été dissous, mais pas les convictions.
«Je continue de jouir de tous mes droits politiques et civiques que je vais activer avec d’autres, dans un cadre citoyen et conformément aux textes de lois en vigueur», a-t-il confié.
Parallèlement, a-t-il fait savoir, chacun se prépare à reprendre la parole pour remettre de l’ordre dans la cacophonie entretenue par le Gouvernement sur le sujet.
« Nous sommes décidés à engager la bataille judiciaire car nous sommes convaincus qu’elle sera annulée par la justice », a-t-il affirmé.
De son avis, un État ne se gouverne pas par l’ego, les intimidations et les sauts d’humeur, mais avec la raison, le bon sens, la vertu, la clairvoyance.
«Nous avons besoin de l’ensemble des Maliens pour construire ce pays. Il n’y a pas que de vertueux dans l’Armée, comme il n’y a pas que des pourris dans la classe politique », a-t-il dénoncé.
«Que celui qui n’a pas péché soit le premier à jeter la pierre», a-t-il continué de défier.
Pour lui, la stratégie de boucs-émissaires, les fuites en avant, les faux-fuyants ont atteint leurs limites.
Propos diffamatoires du ministre délégué
Profitant de notre entretien, il a qualifié d’infondée, de zélée et de diffamatoire les propos du ministre Délégué Mamani NASSIRE.
Ce dernier, au cours d’une séance d’explication sur les raisons de la dissolution des partis politiques avait accusé ces derniers de s’adonner à des actions de déstabilisation du pays.
«Les déstabilisateurs du pays s’appuyaient sur les partis politiques pour mener leurs actions de déstabilisation.
C’est à travers des appels depuis l’extérieur du pays, ainsi qu’à l’intérieur, que les meetings et autres manifestations s’organisent contre la République et la laïcité », avait déclaré Mamani NASSIRE lors d’une conférence de presse le mercredi 14 mai 2025 à la Primature.
«Tôt ou tard, il répondra de ses propos diffamatoires contre des citoyens maliens dont le seul tort est d’avoir choisi de s’exprimer dans des organisations politiques autorisées», a répondu Yaya SANGARE.
Quoi qui arrive, Yaya SANGARÉ est convaincu que sans partis politiques, pas de débats contradictoires, pas de chocs de projets de société, et qu’il n’y a pas d’alternance.
«Retrouvons-nous autour des priorités du pays : la lutte contre l’insécurité, le terrorisme, pour le développement, la gouvernance vertueuse, pour le retour, dans les meilleurs délais, à l’ordre constitutionnel avec un calendrier précis et consensuel pour l’organisation d’élections libres, démocratiques, inclusives, transparentes et apaisées», a-t-il conseillé.
Par Abdoulaye OUATTARA