L’opération d’évacuation du dépôt de transit de Lafiabougou par le Mouvement An Biko dirigé par Fatoumata Batouly Niane a viré aux heurts entre riverains et des agents des GIE qui y déversent les ordures. Cette opération menée par le Mouvement An biko est loin d’être une initiative gratuite. Des acteurs du secteur contactés par nos soins murmurent que le Mouvement bénéficierait d’un financement pour cette opération dont la mise en œuvre est décriée.

C’était la colère ce lundi 24 avril sur le site du dépôt de transit de Lafiabougou, un quartier huppé de la capitale où les odeurs nauséabondes empêchent les habitants de respirer l’aire pure. Il y a eu des affrontements, à travers des jeux de cailloux, entre riverains et agents des GIE chargés de la collecte des déchets dans les ménages.
Au cœur du désaccord, la gestion du dépôt de transit de Lafiabougou fermé aux GIE pendant quelques jours, le temps de l’évacuer totalement. En effet, depuis la fin du contrat Ozone Mali, l’évacuation de ce dépôt était assurée par Toguna Agro Industries. Maintenant le Mouvement politique An biko dirigé par Fatoumata Batouly Niane a décidé d’apporter sa pierre en évacuant le dépôt d’ordures surnommé Kilimandjaro.
Ces échauffourées entre les GIE d’assainissement et des jeunes du quartier se sont soldées par une intervention des forces de l’ordre, occasionnant un incendie sur le site à cause des gaz lacrymogènes.
Conséquence : la principale voie qui passe devant ce dépôt de transit à Lafiabougou a été bloquée par des tas d’ordures. À cela s’ajoute une fumée nauséabonde qui a empesté les riverains toute la journée. Une situation qui a mobilisé les autorités compétentes de la Commune IV qui tentaient de calmer les populations, en vain.
Sur le lieu, un charretier nous a expliqué qu’ils ont été empêchés par des jeunes de déverser les ordures sur le site. Ce qui a provoqué l’ire des agents d’assainissement.
« Nous allons faire quoi de nos charrettes remplies de déchets ? Donc nous avons déversé une partie sur la route et l’État viendra s’en charger », a indiqué le jeune charretier qui vit aussi de cette activité de collecte des déchets dans les ménages.
Pour lui, sans un site dépôt des ordures, c’est le chômage qui lui est garanti. « Pour nous, c’est une question de survie », a-t-il ajouté la voix nouée.
Un responsable du ministère de l’Environnement interpellé sur la question par nos soins a indiqué que le département suivait cette situation qui n’honore pas notre pays engagé dans un vaste chantier de refondation.
Notre source a rappelé qu’au lendemain du coup d’État de 2020, une des priorités des autorités de la transition était de débarrasser les populations des gros dépôts d’ordures, en l’occurrence ceux de Médine et de Lafiabougou qui faisaient l’objet de polémiques.
Notre interlocuteur se souvient que de septembre 2020 à mai 2021, les autorités de la transition ont noué un partenariat avec une usine de transformation d’ordure (NDLR Toguna Agro Industries) qui aidait le ministère de l’Assainissement à évacuer les ordures de façon quotidienne.
Résultat, il y avait moins de déchets sur le site de Lafiabougou jusqu’à la rectification de la transition qui a renversé le Président Bah N’DAW et le Premier ministre Moctar OUANE. La suite de cette histoire est encore fraiche pour être rappelée.
Pendant ce temps, la colline d’ordures s’est majestueusement redressée. Et curieusement, en lieu et place du ministère de tutelle et les collectivités en charge d’assainir la ville, les populations ont été satisfaites de voir le Mouvement ‘’An biko’’ de Fatoumata Bathouly Niane se donner le devoir d’évacuer le dépôt de transit de Lafiabougou.
Le Mouvement a initié plusieurs campagnes d’évacuation du site sans que, selon notre source, le département ne soit informé a fortiori associé.
« Nous suivons la situation sans nous y être mêlés. Nous suivons les éléments de cette dame sur le terrain comme les autres Maliens. En aucun moment, le département n’a été informé ni de près ni de loin », a déclaré notre source, ajoutant que le ministère de l’Environnement a été associé à de nombreuses opérations d’évacuation des dépôts de transit soit pour son expertise, son soutien, entre autres.
À ce stade, notre source est formelle, le département n’est pas dans une dynamique de se mêler de ce problème si bien qu’il n’a pas été consulté au démarrage des opérations.
À la mairie du District, c’est le même constat. Chargée des questions d’assainissement conformément aux textes sur la décentralisation, des sources de l’hôtel de ville de Bamako soutiennent qu’à part l’initiative de la société Toguna Agro Industries, la mairie n’est pas au courant de l’opération du Mouvement ‘’An biko’’.
« On apprend sur les réseaux et via la presse que le mouvement a initié une opération d’évacuation d’ordures du dépôt de transit de Lafiabougou. Et pour autant, conformément à la décentralisation, une telle initiative ne peut être envisagée sans que la mairie ne soit informée », a dénoncé notre source.
Par ailleurs, l’on apprend que contrairement à des informations, le mouvement An biko n’effectue pas ces opérations gratuitement. Il bénéficierait d’un soutien financier de l’État.
Également, des responsables des GIE d’assainissement estiment qu’il y a anguille sous roche autour de ces opérations. C’est pourquoi ils appellent l’État à clarifier la situation de ce contrat.
« Il faut démanteler ce réseau et prendre cette situation bras le corps. On ne sait pas comment le marché a été attribué et son montant s’élève à combien », a déclaré Almoustapha DIARRA président des GIE d’assainissement de la commune IV où est situé le dépôt de transit. Comme les autres acteurs, il a déploré aussi que leur organisation n’a pas été associée à l’opération. Pour lui, il est impossible de réussir cette mission sans l’implication des vrais acteurs.
Face aux accusations, nous avons tenté de recouper les informations auprès du Secrétaire général du Mouvement An biko, Makan SIDIBE. Celui-ci, jusqu’au moment où nous mettions sous presse, n’a pas daigné répondre à nos questions.
PAR CHRISTELLE KONE ET
SIKOU BAH

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