La Coalition des organisations et mouvements sédentaires songhoy et alliés a dénoncé, le lundi 31 mars, sa mise à l’écart du processus de démobilisation, désarmement et réinsertion (DDR) entamé dans le cadre de la paix et de la réconciliation nationale. Elle exige du ministère de la réconciliation son quota.
La Coalition des organisations et mouvements sédentaires songhoy et alliés a tenu une conférence de presse ce 31 mars pour déplorer la conduite du processus de DDR, excluant, selon elle, des acteurs importants.
« Nous sommes une région où les conflits font rage. Sur nos terres, les gens se battent. Donc, nous sommes victimes. Ce sont nos populations qui sont tuées, violées, rackettées. Malheureusement, nous n’avons jamais été acteurs de la crise au Mali. Souvent, nous ne profitons pas des avantages de la paix. Nous sommes laissés pour compte », déplore le président de la Coalition.
Selon lui, au regard de tout ce que la région de Gao a fait pour le pays, la cité des Askia aurait dû être parmi les premières à entamer le DDR.
Malheureusement, s’indigne-t-il, à ce jour, seule la région de Gao n’est pas fixée sur son sort alors que le gouvernement a annoncé une première étape de 2000 éléments.
« Les autres ont même commencé à établir leur liste. Nous, nous attendons toujours, pendant ce temps, les autres mouvements ont été reçus au moins deux fois par le ministre. Nous n’avons aucune information sur notre quota », précise le responsable de la Coalition.
À sa suite, Abdoul Aziz MAÏGA, porte-parole de la coalition, est revenu sur la création de ce mouvement, justifiée par la nécessité de défendre les droits de ses membres laissés pour compte.
« Nous sommes obligés de nous battre pour être entendus afin que nos droits soient pris en compte », a indiqué le porte-parole, rappelant que la coalition, représentative de l’ensemble de la société civile de la région de Gao, a été créée notamment pour clarifier le flou entourant le DDR concernant leur région.
« Nous avons participé à toutes les phases d’information et de sensibilisation au nom de la paix. Mais aujourd’hui, nous ignorons toujours notre sort », a-t-il insisté.
Cette situation, jugée inconfortable par le porte-parole, soulève de nombreuses questions : « Qu’avons-nous fait ? Quel est le problème ? Qu’est-ce qui ne va pas ? » M. Maïga y voit un mépris envers la région de Gao, qui s’est toujours mobilisée pour préserver l’unité du Mali.
« Nous avons besoin de notre quota. Ce n’est pas négociable, c’est un droit. Nous interpellons le ministre de la Réconciliation nationale afin qu’il attribue les quotas à tous les mouvements armés de Gao », a affirmé M. Maïga, ajoutant que cela permettrait aux jeunes qui détiennent des armes de les déposer.
« Notre appel urgent est de dire à l’État malien de reconnaître l’importance de nos mouvements armés », a-t-il plaidé, tout en avertissant que Gao ne tolérera pas un quota insultant.
Le porte-parole a également dénoncé la marginalisation de Gao au sein des différentes commissions nationales mises en place par le ministère de la Réconciliation nationale.
« Nos frères des autres mouvements ont au moins huit représentants dans ces commissions, alors que Gao n’a qu’une représentation dérisoire », a-t-il affirmé, appelant le ministre à revoir sa position.
En plus des questions du DDR, la coalition s’est prononcée sur l’insécurité, la qualité de l’eau et la desserte de la ville en électricité. Sur ces deux derniers points, elle invite les autorités à des enquêtes sur la qualité de l’eau et de mener l’audit sur l’EDM de Gao.
Également, la coalition a suggéré aux autorités de délocaliser des centres de concours d’entrée à la fonction publique dans les régions comme Gao en vue de permettre aux jeunes de la région d’y prendre part.
«A cause de l’état de la route, ils sont nombreux des jeunes diplômés à ne pas postuler aux différents concours. Le moyen le plus sûr est la voie aérienne et peu de jeunes ont les moyens de s’offrir les billets d’avion », a interpellé le porte-parole.
PAR SIKOU BAH