Le ministre de l’Agriculture, Daniel Siméon KELEMA, a procédé, jeudi dernier, au lancement de la campagne 2024 de commercialisation de la noix de cajou. C’était en présence du président de l’Interprofession des Acteurs de la Filière Anacarde au Mali (IPROFAM), Dr Ibrahim TOGOLA, dans un hôtel de la place. Dans son propos, le Chef du département a insisté sur l’importance stratégique de la filière anacarde pour l’économie nationale et sur la nécessité de renforcer son organisation et sa transformation locale.

Dans son mot de bienvenue, le président de l’IPROFAM, Dr Ibrahim TOGOLA, a déclaré que malgré les efforts déployés, il convient de reconnaître que la filière anacarde demeure confrontée à des difficultés majeures, à la fois au plan de la production de la commercialisation que de la transformation.
Avec une production annuelle dépassant les 150 000 tonnes, l’anacarde, a-t-il fait savoir, représente une opportunité stratégique pour le développement agricole et industrielle de notre pays, le Mali. Avec plus de 5 000 acteurs, dont les producteurs, transformateurs, commerçants, l’anacarde, a-t-il insisté, n’est pas culture comme les autres.
«C’est un pilier de l’économie rurale. Malgré tout, nous demeurons aujourd’hui l’un des maillons faibles de la sous-région loin derrière la Côte d’ivoire, le Burkina, le Bénin et le Sénégal», a-t-il fait savoir.
Pour changer la donne, il faudrait, selon M. TOGOLA, que des dispositions très encourageantes et avantageuses soient prises en faveur des interprofessions au Mali.
«La filière anacarde, comme les autres filières, arrive difficilement à être opérationnel», a déploré le Dr TOGOLA.
Pour lui, il y a quelques éléments qui manquent aux acteurs pour que la filière soit prospère.
L’un de ces éléments demeure, à son avis, le prélèvement sur l’exportation des noix brutes de l’anacarde que les autres pays de la sous-région ont mis en place variant de 35 et 100 FCFA par kilogramme.
Le Mali, a-t-il expliqué, n’arrive pas à l’appliquer.
«Ce qui nous fait un manque à gagner de plus de 6 milliards de FCFA par an. Cette manne pourrait financer la modernisation de la filière, la formation et l’encadrement de nos acteurs, le stockage et les transformations locale», a-t-il conseillé.
Pour lui, il est très important aujourd’hui de se focaliser sur la mobilisation des ressources internes afin que l’agriculture puisse se développer. Elle ne doit pas se baser uniquement sur l’aide extérieure, a-t-il soutenu.
De l’avis du président de l’IPROFAM, Dr Ibrahim TOGOLA, l’anacarde donne cette opportunité et à très peu de coût.
Evoquant les facteurs limitants pour l’épanouissement de la filière, le Dr Ibrahim TOGOLA, pointe du doigt le manque d’espace de stockage adéquat pour les acteurs de la filière.
«Nous manquons dans notre pays de facilité de stockage. Le plus grand espace de stockage au Mali ne dépasse pas les 200 tonnes alors que nous avons besoin de 10 tonnes pour avoir les facilités bancaires», a-t-il déploré.
Autres goulots d’étranglement, le manque de ligne de crédit spécifique pour l’anacarde. Ce qui constitue une difficulté pour nos commerçants et nos transporteurs, a-t-il dit, avant d’évoquer également des difficultés pour l’accompagnement et l’encadrement de nos producteurs sur le terrain.
Comme si cela ne suffisait pas, les acteurs de la filière sont aussi victimes de l’insécurité généralisée dans le pays. D’ailleurs, a-t-il fait savoir, l’un de leurs camions a été brûlé par des bandits armés sur la route entre Sikasso et Hèrèmakono contenant 50 tonnes.
«L’anacarde n’est pas seulement une culture, c’est une opportunité historique pour notre pays», a-t-il conclu.
De son côté, le ministre a souligné que l’anacarde occupe une place prépondérante dans la stratégie de développement et de diversification des exportations au Mali.
Compte tenu des enjeux liés au développement de la filière Anacarde, le Gouvernement du Mali, a-t-il fait savoir, s’est inscrit dans une dynamique d’accompagnement des acteurs de ladite filière à plusieurs projets et programmes comme : CTARS, PAPAM et GEDEFOR.
Pour résoudre les difficultés susmentionnées, il faudrait, de l’avis du ministre, recentrer la stratégie de développement de la filière Anacarde sur la promotion de la transformation, le renforcement de la structure organisationnelle de l’Interprofession.
Enfin il a invité les acteurs au respect du prix convenu, à savoir 390 F CFA le kilogramme d’anacarde.
Rappelons que l’Interprofession des Acteurs de la Filière Anacarde au Mali (IPROFAM) regroupe les producteurs, les transformateurs et les commerçants de la filière anacarde au Mali. Elle a été créée en décembre 2016 pour le développement de la filière au Mali ainsi que des acteurs qui interviennent.

Par Abdoulaye OUATTARA

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