Les ministres des Affaires étrangères de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont recommandé à leurs Présidents la création d’une Confédération entre les trois États membres de l’Alliance, à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger. L’objectif, à terme, est la création d’une fédération.
Ouverte le 30 novembre, la rencontre des chefs de la diplomatie de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) s’est achevée le vendredi 1er décembre à Koulouba. Première réunion du genre des chefs de la diplomatie, elle visait à examiner les recommandations des experts en vue d’adopter l’architecture politique et diplomatique de l’AES afin de renforcer leur lien. Parmi celles-ci, les experts ont préconisé notamment la création d’une monnaie et d’une compagnie aérienne commune. Officiellement mise en place le 16 septembre dernier, en plus d’être un pacte de défense mutuelle entre les militaires des trois pays, l’AES ambitionne ainsi de devenir un instrument de développement dans un contexte de conflit de positionnement des puissances.
A l’issue des deux jours de réunion, les ministres des affaires étrangères et de la coopération internationale « ont accueilli favorablement la recommandation d’élargir les objectifs de l’AES aux domaines de la diplomatie et du développement économique, répondant ainsi à la vision réaffirmée des chefs d’Etat des trois pays de renforcer leur alliance stratégique » dans leur déclaration conjointe.
Les pays membres de l’AES, outre l’insécurité, sont confrontés à de nombreux défis de développement et de gouvernance démocratique. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger formant cette Alliance sont tous en transition politique après des coups d’Etat. A cause de ce statut, ils sont indésirables notamment au sein de la CEDEAO, organisation sous régionale accusée de prendre ses directives auprès de l’Elysée.
« Face aux enjeux, notamment la nécessité de relever urgemment les défis communs, mais aussi, et surtout, conscients du formidable potentiel de paix, de stabilité, de force diplomatique et d’émergence économique qu’offre une alliance politique renforcée, les ministres, prenant la mesure des attentes pressantes des populations de l’espace AES, et guidés par l’ambition de parvenir, à terme, à une fédération réunissant le Burkina Faso, le Mali et le Niger recommandent aux chefs d’Etat de l’AES la création d’une confédération des trois pays », a proposé la réunion des chefs de la diplomatie de l’AES.
Le vendredi 1er décembre, après la rencontre de deux jours, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’AES ont été reçus par le Président Assimi GOITA. Lors de cette audience, ils ont remis les conclusions de leurs travaux au Président de la Transition de notre pays. Ce dernier, au cours de la rencontre, a souhaité que l’Alliance des États du Sahel ait pour principaux axes la diplomatie, la défense et le développement.
À l’issue de l’audience, deux ministres ont partagé leurs impressions avec la presse : le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso et celui du Niger.
Dans son intervention, Olivia Ragnaghnewende ROUAMBA, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’Extérieur, a souligné que lors de cette première réunion ministérielle de l’Alliance des États du Sahel à Bamako, la délégation ministérielle avait élaboré des documents.
En raison de leur importance, ces documents ont été présentés au Président malien de la Transition, Son Excellence le Colonel Assimi GOÏTA. La délégation a profité de l’occasion pour solliciter des conseils et des orientations afin de finaliser lesdits documents.
Olivia Ragnaghnewende ROUAMBA a expliqué : « Nous avons formulé d’autres aspirations sous forme de recommandations en faveur de la mise en place d’une confédération prenant en compte les intérêts majeurs de nos populations respectives qui réclament des actions concrètes impactant leur quotidien ».
Bakary Yaou SANGARE, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’extérieur, a, pour sa part, indiqué que les actions à venir après la rencontre de Bamako consisteront à valider les recommandations issues de celle-ci. Selon lui, la réunion des experts a examiné l’avant-projet soumis aux ministres des Affaires étrangères, qui ont apporté des amendements pour parvenir à un document consolidé et le projet sera soumis aux Chefs d’État. Le ministre SANGARE a expliqué que ce projet était principalement structuré sur l’architecture, l’organigramme et l’organisation de l’Alliance.
« Sur la base des recommandations de nos Chefs d’État, nous avons privilégié une architecture légère, innovatrice, fonctionnelle qui nous permettra d’agir avec souplesse et efficacité », a confié le ministre SANGARE, tout en indiquant que la question de l’intégration monétaire était également en discussion dans le cadre du volet développement.
La décision de la mise en place d’une confédération s’inscrit dans la volonté affichée des dirigeants de ces Etats voisins d’aller vers la formation d’une organisation commune, à travers la création d’une fédération. Si avant le coup d’Etat au Niger, c’était avec la Guinée Conakry ; les prévisions semblent changées. Depuis la création de l’AES, ses trois membres, conformément à la Charte du Liptako Gourman, tous en transition, défient et dénoncent les relations néocolonialistes et condescendantes entretenues par des Etats européens, à l’image de la France dont la politique extérieure en Afrique est fortement décriée. Son incohérence, son ingérence dans les affaires internes de ses anciennes colonies ne militent pas en sa faveur.
En plus de s’organiser contre les terroristes, l’AES est aussi le témoignage de la solidarité de ses fondateurs à adopter des positions communes contre des puissances étrangères qui considèrent leur Etats comme leur arrière-cour pour exercer leur influence.
PAR SIKOU BAH