À la suite d’une enquête minutieuse, le gouvernement confirme que le drone de l’armée malienne qui s’était écrasé dans la nuit du 31 mars a bel et bien été abattu par l’armée algérienne sur le territoire où les débris de l’appareil ont été recueillis.

Cette agression injustifiable et inqualifiable a nécessité une prompte réaction de la part des autorités de la transition qui, avec les alliés du Niger et du Burkina, ont pris un certain nombre de mesures. En réponse, les autorités maliennes et l’AES ont annoncé avoir saisi les instances internationales contre le régime terroriste algérien et ont convoqué leurs ambassadeurs en poste à Alger. En outre, le Mali se retire avec effet immédiat du Comité d’état-major opérationnel conjoint.
Face à l’escalade, les froussards qui sont en intelligence avec l’ennemi agitent le spectre de la défaite. Un certain nombre de Maliens singuliers ont appelé à ne pas tomber dans le piège de la passion, à savoir garder raison après l’aveu d’agression, sans raison et sans excuses, de notre pays par l’Algérie. Pour d’autres, notre pays ne doit pas tomber dans le jeu de l’Algérie qui est au service de l’impérialisme et qui est surarmée avec des ressources financières issues d’une manne pétrolière dont nous ne disposons pas dans l’AES ni au Mali. Aussi, ces citoyens timorés conseillent de ne pas leur donner l’opportunité « d’aggraver » la situation de notre pays. Parce qu’estiment-ils, ils savent que nous sommes pauvres et moins équipés militairement qu’eux et ils veulent en profiter. Aussi, disent-ils, acceptons notre situation honteuse comme une fatalité et courbons l’échine… Peut-être la vie nous donnera-t-elle l’opportunité de nous venger un jour de tous ces États voyous qui nous entourent. La roue de l’histoire tourne aussi vite qu’on ne le pense. Cent ans ne sont rien dans la vie d’une nation. Si nous ne le faisons pas, nos enfants auront la charge de nous laver de cet affront.
Voici le narratif spécieux de ceux qui n’ont pas retenu dans l’hymne national le couplet « saya ka fusa malo… ». Aux Maliens meurtris dans leur âme et dans leur chair, ils essayent de vendre l’idée d’une Algérie combattante qui a vaincu seule le terrorisme au bout de dix ans et de milliers de victimes ; d’une Algérie superpuissance militaire, la première armée régionale, la seconde en Afrique, tutti quanti.
Que l’armée algérienne soit une puissance militaire, peut-être. Mais si au plus haut niveau de l’État algérien, on se plaint du surarmement du Mali, c’est que notre pays n’est pas une naine au plan militaire en Afrique. Nous, qui ne sommes pas des va-t’en-guerre endimanchés, affirmons qu’il faut déconstruire l’illusion et la supercherie de mauvais goût selon laquelle l’armée algérienne a pu seule triompher du terrorisme au bout de dix longues années de braises. Ce narratif est mensonger, il ne correspond pas à la vérité des faits qui est que l’armée algérienne est d’abord et avant tout une organisation terroriste. Ce n’est pas un hasard si le Général Khaled Nezzar (paix à son âme), principal artisan du coup d’État qui interrompit le processus électoral qui aurait dû conduire le Front islamique du salut (FIS) au pouvoir, membre du Haut Comité d’État (HCE) de 1992 à 1994, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire puis ministre de la Défense, a été condamné par un tribunal suisse dans l’affaire TRIAL pour des faits de « crimes de guerre – actes de torture, traitements inhumains, détentions et condamnations arbitraires –, ainsi que des crimes contre l’humanité sous forme d’assassinats » commis entre janvier 1992 et janvier 1994.
Après la mise à l’écart de Bouteflika en 2019, le général Nezzar est convoqué le 14 mai par le tribunal militaire de Blida et est entendu comme témoin par le juge d’instruction dans l’affaire impliquant Saïd Bouteflika, les généraux à la retraite Toufik et Tartag ainsi que Louisa Hanoune.
Le 6 août 2019, le tribunal militaire de Blida a émis des mandats d’arrêt internationaux à l’encontre de Khaled Nezzar, de son fils Lotfi et de son homme d’affaires Farid Benhamdine. Ils sont accusés de complot et d’atteinte à l’ordre public. Le 8 août, il diffuse une vidéo où il appelle l’armée au soulèvement. La tentative de censure de cette vidéo provoque le blocage de YouTube et de Google en Algérie. Lors de son procès qui a eu lieu le 23 septembre en son absence ; considérés en état de fuite, le tribunal militaire de Blida prononce une peine de 20 ans de prison à l’encontre de Khaled Nezzar.
Mais voilà, le 11 décembre, le général Khaled Nezzar rentre en Algérie et rejoint son domicile sans être arrêté. Ni Nezzar ni les autorités n’ont fourni de communication pour justifier ce revirement de situation.
Voilà le genre de mafia terroriste à laquelle nous avons à faire.
Artisan et acteur du terrorisme au Sahel, l’Algérie l’est sans aucune extrapolation ni spéculation. Selon Wikileaks, parmi les milliers d’e-mails présents sur le serveur d’Hillary Clinton figure un e-mail confidentiel adressé par Sidney Blumental, ancien conseiller spécial du président américain Bill Clinton, qu’elle a reçu le 17 janvier 2013 à 22h intitulé « derniers rapports du renseignement français sur la crise des otages algériens », autrement dit la prise d’otages de Tiguentourine menée par le groupe terroriste « les Signataires par le sang » dirigé par Mokhtar Belmokhtar.
Selon le contenu de l’e-mail, le gouvernement algérien a été surpris et désorienté par les attaques de Belmokhtar. « Selon des sources ayant accès à la DGSE algérienne (DRS), le gouvernement algérien a conclu une entente très secrète avec Belmokhtar après le kidnapping en avril 2012 du consul algérien à Gao (Mali). En vertu de cet accord, Belmokhtar a concentré ses opérations au Mali et occasionnellement, avec les encouragements de la DGSE algérienne, attaqué les intérêts marocains au Sahara Occidental ».
Quelques jours plus tard, Hillary Clinton reçoit un nouvel e-mail sous forme de débriefing de la crise des otages de Tiguentourine. On y apprend que le pouvoir algérien prévoyait de rencontrer à nouveau Belmokhtar après les attaques.
« En même temps, selon cette source sensible, des officiers de la DGSE algérienne cherchent à rencontrer en secret Belmokhtar ou l’un de ses lieutenants au nord de la Mauritanie dans un futur immédiat. Ils ont reçu l’ordre de comprendre pourquoi Belmokhtar a violé leur accord secret vieux de deux ans », indique ce nouvel e-mail.
Voilà comment le terrorisme est arrivé et a proliféré au nord de notre pays. Comme on le voit, l’Algérie n’a pas vaincu le terrorisme, elle l’a seulement exporté, déplacé au nord de notre pays et dans l’espace sahélien.
C’est bien le GIA, branche du FIS, qui a donné naissance au GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) dirigé par Mokhtar Belmokhtar et parrainé par les généraux mafieux contrebandiers de cigarettes et de carburant. C’est avec le GSPC algérien que notre pays a connu le terrorisme avec les prises d’otages et les attentats. C’est ce GSPC qui a donné naissance, avec Mokhtar Belmokhtar, aux Signataires par le sang, puis à AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et à Ansar Dine. C’est Ansar Dine qui a donné naissance au MIA (Mouvement islamique de l’Azawad) et au HCA (Haut Conseil de l’Azawad), deux mouvements dirigés par les deux fils d’Intallah qui ont fusionné pour donner naissance au HCUA (Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad). C’est ce HCUA qui a formé avec le MNLA la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad), devenue le CSP (Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement), et récemment le FLA (Front de libération de l’Azawad) hébergé, entretenu financièrement et militairement par l’Algérie. Après leur défaite militaire contre les FAMa le 14 novembre à Kidal, qu’ils avaient sanctuarisée et où se tenait chaque année depuis 2012 la fête d’indépendance du fantasmagorique Azawad, encouragée par l’Algérie. Biɲe ɲinina sen be biɲe kan o bey e wa ?
Non, l’Algérie n’a vaincu ni résolu le terrorisme, elle l’a simplement exporté dans notre pays à travers son accord secret avec Mokhtar Belmokhtar ; accord dont un autre de ses voisins s’est malheureusement inspiré, transformant notre pays en champ de bataille des groupes armés terroristes et autres crapules à la solde de généraux pourris.
Bande de négrophobes, là où la superpuissance américaine n’a pas réussi en Afghanistan et la MINUSMA avec plus de 50 000 hommes et les équipements les plus modernes et les plus performants n’a pas réussi au Mali, ce ne sont pas les généraux corrompus algériens qui réussiront.
Les Maliens font confiance aux FAMa qui, avec honneur et dignité, ont déjà fait l’essentiel du travail avec leurs frères d’armes de l’AES. Ce sont ces FAMa et la force conjointe de l’AES qui feront mordre la poussière à l’Algérie au Sahara. Ni ye boke ton ka foro la, i ye bo ke bokela jugu ka foro la. Ils vont payer ça très cher. An ta dron an be se.

PAR MODIBO KONÉ

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