L’architecture du gouvernement II de Choguel
Le gouvernement II du Premier ministre, Dr Choguel Kokalla MAIGA, rendu public ce 1er juillet est constitué de 25 ministres, dont un ministre délégué chargé des réformes institutionnelles. Dans cette nouvelle équipe, si les militaires restent maintenus à leur poste, en revanche le M5-RFP, la branche civilo-politique ayant mobilisé contre le régime de feu IBK, est fragilisé par le départ de plusieurs de ses membres. De même que les mouvements signataires de l’Accord pour la paix issu du processus d’Alger qui enregistrent le départ de deux de leur représentant. Dans cette équipe qui aura certainement la lourde responsabilité d’organiser les élections, ses nouveaux membres n’ont aucune expérience ministérielle.
Figurent dans cette liste, six femmes qui représentent 24%. Ainsi, le compte est loin d’être bon dans cette équipe II de Choguel MAÏGA en matière de respect du quota des femmes fixé à 30% dans les postes électifs et nominatifs.
Également, le nombre des militaires reste le même. De plus, ils conservent leurs postes régaliens comme la sécurité, la défense, la réconciliation nationale…
Le M5-RFP et les groupes armés déplumés
Par ailleurs, la représentativité des partis politiques reste l’un des sujets à polémique dans cette équipe. Car, sur les 25 ministres, au moins 5 sont issus des politiques. En clair, le poids des partis politiques a fortement baissé avec le départ des six membres du M5-RFP. Dans le gouvernement précédent, leur présence était significative. Ainsi, les membres du mouvement du 5 juin remerciés sont : SIDIBE Dédeou OUSMANE, Modibo KEITA, WADIDIE Founè COULIBALY, Bréhima KAMENA, Modibo KONE, Oumarou DIARRA.
Ces membres du M5-RFP ont été sacrifiés au profit des cadres de l’administration publique ou des structures privées qui n’ont pas une coloration politique affichée. Outre le M5-RFP, les mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation enregistrent également deux membres qui ont été éjectés du gouvernement. Il s’agit de Harouna Mamadou TOUREH et de Mahmoud OULD MOHAMED.
Les entrants
Ils sont au nombre de 12, dont 8 hommes et 4 femmes, conformément à la loi N° 2015-052/ du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives. Ce sont :
1. Ministre de l’Éducation nationale : Amadou SY SAVANE, enseignant, ancien proviseur du Lycée Scientifique et Technologique Paul KOUYA (LSTPK), précédemment chargé de Mission à la présidence et rapporteur adjoint de la Commission chargée de la finalisation du projet de nouvelle Constitution.
2. Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique : Boureima KANSAYE. Il est criminologue, il est enseignant-chercheur et Recteur de l’Université des Sciences juridiques et politiques de Bamako. Il a fait ses études à l’Université d’État de Saint-Pétersbourg- Russie.
3. Ministre de la Santé et du Développement social : Colonel Assa Badiallo TOURE. Le Médecin Lieutenant-colonel Assa Badiallo TOURE, cardiologue était Directrice Régionale de la Santé du District de Bamako jusqu’au coup d’État, puis la promue Médecin-colonel est nommée en décembre 2020 conseillère spéciale du vice-président de la transition puis du président de la Transition chargée des œuvres sociales. Elle occupe depuis ce 1er juillet 2023 le poste de ministre de la Santé et du Développement social.
4. Ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social : Fassoun COULIBALY, Docteur en droit privé et Sciences criminelles de l’Université de Bordeaux, Fassoun COULIBALY est le Directeur national du Travail du Mali. Il est l’auteur du droit du travail et de la sécurité sociale au Mali aux Éditions Harmattan. Il est aussi expert du BIT.
Juriste de formation, M. COULIBALY qui est inspecteur du travail et de la sécurité sociale depuis 2002 a été successivement chef section conditions générales de travail, chef de division risques professionnels, directeur national adjoint du travail et directeur national du travail du Mali entre 2002 et 2019.
En même temps, il était chargé de cours droit du travail et le droit de la sécurité sociale à la faculté de sciences juridiques et politiques de Bamako et dans plusieurs instituts supérieurs et facultés privées de Bamako. C’est en juin 2019 qu’il a soutenu sa thèse de doctorat en droit privé et sciences criminelles à Bordeaux sur « le dialogue social au Mali : réalités et enjeux ». C’est justement du dialogue social que l’expert devra privilégier pour éteindre la poudrière sociale au niveau des hôpitaux.
5. Ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne : Ahdoul Kassim Ibrahim FOMBA.
Le tout nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, Abdoul Kassim Ibrahim FOMBA était jusqu’à sa nomination coordinatrice général de l’ONG Think Peace Sahel ( pensons Paix) en français.
Il est membre fondateur et coordinateur du groupe de réflexion et d’action «THINK PEACE SAHEL », qui travaille sur les questions de sécurité, la gestion des conflits et la prévention de l’extrémisme violent au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
Il est chercheur senior et leader engagé de la société civile. Il a contribué à d’importantes études scientifiques sur la jeunesse et la violence. Certains des résultats de ces études ont conduit à la mise en place d’un système d’information et d’alerte sécuritaire adressé aux structures décisionnelles et stratégiques au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
M. FOMBA est formateur principal et instructeur temporaire à l’École de maintien de la paix en gestion de projet sensible aux conflits, gestion des conflits, prévention de l’extrémisme violent et leadership. Il a plus de 15 ans d’expérience dans le renforcement des capacités des organisations de femmes et de jeunes.
Il est actuellement membre du Comité national de Coordination et de Suivi de la Politique nationale de Prévention et de Lutte contre l’Extrémisme violent et le Terrorisme au Mali.
Le nouveau ministre est titulaire d’une maîtrise ès sciences en ingénierie bancaire et financière et d’un baccalauréat en administration des affaires. Il est en train de finaliser un double diplôme de Master exécutif en Reconstruction de l’Etat Post-Conflit, et de master en Maintien de la Paix. Il est sélectionné en 2023, par le Département des États-Unis, pour le célèbre programme Distinguished Humphrey Fellowship sur les droits civils et la justice sociale.
6. Ministre de l’Agriculture : Lassine DEMBELE
Ingénieur de l’Agriculture et du Génie rural, il est nommé le 10 novembre 2021 Directeur général de l’Office de Développement rural de Sélingué (ODRS). Le 08 juin 2016, Lassine Dembélé était nommé Directeur général de l’Office Riz Mopti (ORM). Entre les deux missions, il a été secrétaire général du Ministère de l’Agriculture.
7. Ministre de l‘Énergie et de l’Eau : Mme Bintou CAMARA, Conseillère spéciale du Président de la Transition. Elle est chef d’entreprise, Cabinet MAECO.
8. Ministre de l’Entrepreneuriat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle : Madame BAGAYOKO Aminata TRAORE. Elle était conseillère à la Présidence avant sa nomination dans le gouvernement II de Choguel Kokalla MAIGA.
9. Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille : Mme Mariam MAIGA. Elle était Directrice nationale de la promotion féminine.
10. Ministre de l’Industrie et du Commerce : Moussa Alassane DIALLO.
L’ex-PDG de la BNDA (Banque Nationale de développement agricole), Moussa Alassane DIALLO admis à la retraite depuis le 31 janvier 2018 a été nommé ministre malien de l’Industrie et du Commerce.
Promu depuis fin décembre Président du conseil d’administration de la Banque Nationale du Développement agricole, Moussa Alassane Diallo est un orfèvre de la finance et avec 32 ans de services (1985-2017) dont 11 ans comme PDG de la Banque verte, a de solides relations dans les milieux économiques maliens, du secteur bancaire malien et de l’économie malienne dans son ensemble.
Président émérite de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (APBEF) pendant 3 mandats successifs, l’homme est connu comme un bosseur et un fervent patriote. Histoire retiendra que grâce à lui, les salaires des fonctionnaires maliens ont été payés à la suite d’un certain coup d’État du 22 mars.
11. Ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la Population : Imrane Abdoulaye TOURE.
Il était secrétaire général du même ministère jusqu’au 1er octobre 2021 date où il a été remplacé par Samballa Mady KANOUTE, administrateur civil de son état. Le limogeage de Imirane Abdoulaye TOURE, cadre réputé très compétent, honnête, rigoureux, professionnel, avait suscité beaucoup de bruits au sein du département. Il remplace Bourema KAMENA qui l’avait relevé.
Imirane Abdoulaye TOURE a une riche carrière professionnelle pour avoir occupé plusieurs postes de responsabilité. Il fut directeur national de l’urbanisme, directeur national des domaines et du cadastre, avant d’être secrétaire général du département où il a servi sous quatre ministres.
12. Ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable : Mamadou SAMAKE.
Ingénieur des Constructions civiles, il était Directeur général des routes au Ministère des Transports et des Infrastructures du Mali.
Aucun de ces membres du gouvernement n’a une expérience dans un poste ministériel. En clair, ils sont tous des ‘’bleus’’.
4 conseillers du président nommés ministres
Dans ce nouveau gouvernement, quatre (4) membres du cabinet du président de la République font leur entrée dans le gouvernement : Amadou SY SAVANE, à l’éducation nationale ; Médecin-Colonel Assa Badiallo TOURE au département de la Santé et du Développement social ; Mme Bintou CAMARA, Conseillère spéciale du Président de la Transition au ministère de l‘Énergie et de l’Eau et Mme BAGAYOKO Aminata TRAORE, Conseillère à la Présidence au ministère de l’Entrepreneuriat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle.
Les reconduits
Dans la nouvelle équipe du Premier ministre, Dr Choguel Kokalla MAIGA, ce n’était pas le grand changement comme attendu par une partie de la classe politique. En effet, sur un effectif de 25 ministres, 16 ont été reconduits dont 13 à leur poste précédent avec une promotion pour le ministre délégué à l’élevage et à la pêche qui devient ministre plein. Trois autres ont permuté. Ils sont en l’occurrence : ministre de la Défense et des anciens Combattants, le colonel Sadio CAMARA ; ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Mamadou KASSOGUE ; ministre de la Refondation de l’État chargé des relations avec les institutions, Ibrahim Ikassa MAIGA ; ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement : colonel Abdoulaye MAÏGA ; ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Colonel Major Daouda Aly MOHAMMEDINE ; ministre la Réconciliation, de la paix et de la cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix Réconciliation nationale, colonel major Ismaël WAGUE ; ministre des Transports et des Infrastructures, Mme DEMBELE Madina SISSOKO ; ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye DIOP ; ministre de l’Économie et des Finances, Alfousseyni SANOU ; ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Pr Amadou KEITA ; ministre de la jeunesse et des sports chargé de l’instruction civique et de la construction citoyenne, Moussa Ag ATTAHER ; ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’intégration africaine, Al Hamdou Ag IlENE ; ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Andogoly GUINDO ; ministre des Affaires religieuses, du Culte et des coutumes, M. Mamadou KONE ; ministre délégué auprès du Premier ministre , chargé des Réformes politiques et institutionnelles Mme Fatoumata Sékou DICKO ; ministre de l’Élevage et de la pèche, Youba BA.
Les remerciés
Dans le gouvernement II du Choguel Kokalla MAIGA, ils ont 11 membres du gouvernement à être remerciés à savoir : Mme Sidibé Dédeou OUSMANE, ministre de l’Éducation nationale ; Mme Diéminatou SANGARE, ministre de la Santé et du Développement ; Mme DlAWARA Aoua Paule DIALLO, ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social ; M. Modibo KEITA, ministre du Développement rural ; Bakary DOUMBIA, ministre de l’Entrepreneuriat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle ; Mme WADIDIE Founè COULIBALY, ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille ; Mahmoud OULD MOHAMED, ministre de l’Industrie et du Commerce ; Bréhima KAMENA, ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la Population ; Modibo KONE, ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable ; Me Harouna Mamadou TOUREH, ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration ; imam Oumarou DIARRA, ministre délégué auprès du ministre de la Santé et du Développement social, chargé de l’action humanitaire, de la Solidarité, des Réfugiés et des Déplacés.
Six femmes dans le gouvernement
Comme dans la précédente équipe, le Genre ne fait pas bonne figure. Avec 6 représentantes sur 25 soit 24%, les dames sont loin d’atteinte les exigences de la loi N°2015-052/ du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives. La première femme dans le gouvernement n’arrive qu’à la 7e place. Elle sont : ministre des Transports et des Infrastructures : Mme DEMBELE Madina SISSOKO ; ministre de la Santé et du Développement social, colonel Assa Badiallo TOURE ; ministre de I ‘Énergie et de l’Eau : Madame Bintou CAMARA ; ministre de l’Entrepreneuriat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Mme BAGAYOKO Aminata TRAORE ; ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Mariam MAIGA ; ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et institutionnelles Mme Fatoumata Sékou DICKO.
Permutations et Promotion
Trois membres du gouvernement changent de portefeuille ministériel. Ainsi, Amadou KEITA, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique se retrouve ministre des Mines, département auquel on a défalqué l’eau et énergie qui échoient à une nouvelle entrante : Bintou CAMARA.
Aussi le ministre Mossa AG ATTAHER qui était chargé de la Jeunesse et des sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, devient ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine, département occupé précédemment par Alhamdou AG ILYENE. Ce dernier devient ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration, en remplacement de Me Harouna Mamadou Toureh qui fait ses adieux au gouvernement.
À noter que dans le gouvernement éphémère formé par Moctar OUANE, il avait nommé ministre de la communication et de l’information.
Par ailleurs, le ministre délégué Youba BA prend des grades et devient le ministre plein à la tête du ministère de l’Élevage et de la pèche.
Rassemblés par la Rédaction