Des ONG ont dénoncé, ce jeudi 23 février 2023, le discours «raciste et haineux» du président tunisien, Kais Saied, contre les migrants originaires d’Afrique subsaharienne. Il a qualifié la présence des migrants subsahariens comme une menace démographique pour son pays. Le chef d’Etat de la Tunisie a prôné mardi des «mesures urgentes» contre l’immigration clandestine d’Africains subsahariens dans son pays. Un discours jugé ‘’raciste et haineux’’ par la coordination des organisations africaines engagées dans la lutte contre l’esclavage et ses séquelles que ses responsables condamnent avec la dernière rigueur.
Le président Saied a prôné mardi des «mesures urgentes» contre l’immigration clandestine des ressortissants des pays d’Afrique subsaharienne, affirmant que leur présence en Tunisie était source de «violence, de crimes et d’actes inacceptables».
Lors d’une réunion, il a tenu des propos très durs sur l’arrivée de «hordes de migrants clandestins» et insisté sur «la nécessité de mettre rapidement fin» à cette immigration.
Il a en outre soutenu que cette immigration clandestine relevait d’une «entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie», afin qu’elle soit considérée comme un pays «africain seulement» et estomper son caractère «arabo-musulman».
«Notre organisation est vivement préoccupée par la situation des africains subsahariens en Tunisie où ils sont victimes des violences sans doute provoquées par la montée des discours haineux et racistes contre leur présence sur ce territoire africain », peut-on lire dans un communiqué rendu public ce jeudi 23 février 2023 par la coordination des organisations africaines engagées dans la lutte contre l’esclavage et ses séquelles.
Sous la signature de son président, Me Saïd LARIFOU, non moins président de Waraba Afrique, cette coordination constate que le climat est de plus en plus violent et les discours qui stigmatisent les africains subsahariens établis dans certains territoires d’Afrique du Nord sont intolérables, contraires à la volonté, la vision panafricaine des pères fondateurs de l’Unité Africaine et aux engagements internationaux signés par eux, rappelés dans les chartes des Nations Unies, de l’Union Africaine et le droit international humanitaire.
Sans vouloir nous immiscer dans la gestion des affaires intérieures des pays, cette organisation panafricaine rappelle aux États membres de l’Union Africaine que le recours à la violence n’est pas la solution acceptable et responsable pour résoudre l’épineux problème des migrations et qu’ils doivent se conformer au droit international humanitaire pour trouver des outils appropriés et pertinents à cette problématique.
«Notre organisation panafricaine appelle l’Union africaine à inscrire dans son agenda, comme prioritaire, la question des migrants à l’intérieur du continent africain. Une délégation de notre organisation se rendra très prochainement dans les pays africains et européens exposés à cette question des migrants pour étudier et définir ensemble les solutions et notre contribution à cette problématique dans le respect du droit international humanitaire», conclut ledit communiqué signé par Me Saïd LARIFOU.
Les autorités tunisiennes ont annoncé qu’au moins 138 migrants clandestins avaient été arrêtés ou interceptés en mer dans la nuit de mardi à mercredi.
Selon des chiffres officiels cités par le FTDES, la Tunisie, un pays de quelque 12 millions d’habitants, compte plus de 21.000 ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, en majorité en situation irrégulière.
La plupart de ces migrants arrivent en Tunisie pour tenter ensuite d’immigrer clandestinement vers l’Europe par la mer, certaines portions de littoral tunisien se trouvant à moins de 150 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa.
Selon des chiffres officiels italiens, plus de 32.000 migrants, dont 18.000 Tunisiens, sont arrivés clandestinement en Italie en provenance de Tunisie en 2022.
Par Abdoulaye OUATTARA