Après Amadou et Mariam, Boubacar Traoré KarKar, Habib Koité, Idrissa Soumaoro, Nahawa Doumbia, Rokia Traore, Awa Diallo étudiante en Licence 2 Musique au Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia Balla Fasséké KOUYATE de Bamako rejoint la prestigieuse liste des artistes maliens à avoir décroché ce prix.
La culture malienne a été honorée ce vendredi 18 novembre 2022 à travers l’artiste-musicienne Black AD, lauréate du « Prix Découvertes RFI 2022 ». Le jury et le public ont désigné notre compatriote Awa Diallo dite Black AD, étudiante en Licence 2 Musique au Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia Balla Fasséké KOUYATE de Bamako lauréate de la 41e édition du Prix Découvertes RFI.
Elle a été choisie parmi les 10 finalistes en compétition qui a engagé plus de 2000 artistes de toute l’Afrique.
Le nom de la lauréate a été dévoilé ce vendredi lors d’une émission diffusée en Facebook Live et présentée par Juliette Fiévet, en compagnie notamment de Yemi Alade, présidente du jury, et de Claudy Siar.
Hawa Dialo, dite Black AD, encore étudiante, entend mener son combat pour la beauté africaine. Elle s’inspire d’Oumou Sangaré ou de la Sud-africaine Nomceba et rêve de collaborer avec ses compatriotes Fatoumata Diawara et Salif Keita.
C’est la chanson Mali qui l’a fait connaître en 2021 (extrait de l’EP Idjidja). Black AD a sorti son deuxième EP, «Idjidja 2», en août dernier. Elle y évoque des thèmes comme la jeunesse, la cohésion sociale, le vivre ensemble et parle beaucoup d’amour. Très attachée à la tradition, comme le montrent ses clips soignés, la chanteuse mêle afro-pop, r’n’b, et des sonorités plus modernes.
Black AD bénéficie d’un prix doté de 10 000 euros, d’une tournée en Afrique dans les Instituts français, et d’un concert à Paris.
Remerciant le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme qui a réagi à chaud à ce prix à travers un communiqué officiel, Hawa Diallo dit que «c’est le Mali qui gagne», dans le fond et dans la forme, car le titre de la chanson primée c’est le MALI.
Mais le hic, car il y a bien un hic : comment oublier que ce prix est décerné par un média toujours interdit dans notre pays par le gouvernement de transition qui l’a comparé de radio milles collines ? Dans ce contexte virevoltant de patriotisme exacerbé, un ministre de la République est-il très prudent de saluer un trophée décerné par « djougou » ?
Dans ce contexte, le silence de Andogoly n’aurait-il pas été plus éloquent que ce communiqué incohérent qui manque de courage et qui compromet l’ensemble du gouvernement au regard du discrédit qu’il véhicule. Qu’est-ce qui empêche le ministre d’avoir un petit mot pour RFI ? Ce n’est pas cela qui empêchera les Maliens de comprendre que lui et ses services ont apparemment téléchargé le VPN pour continuer à s’informer par un média interdit au Mali… ! Sinon comment a-t-il été informé avec tant de célérité ? Pardon, il y a Facebook, et c’était en direct.
En effet, pour le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme de retrouver toute sa verve poétique pour magnifier avec grandiloquence «cette distinction (qui selon lui) traduit à la fois la reconnaissance internationale de la richesse de la culture malienne et le génie créateur malien, un motif de fierté pour le peuple malien ».
Andogoly Guindo, a saisi cette occasion controversée pour adresser ses vives félicitations et ses remerciements à Hawa DIALLO dite Black AD pour avoir porté haut le flambeau de la culture malienne à travers sa musique.
La question : comment un ministre peut féliciter un artiste pour un prix attribué par une structure qu’un autre ministre a interdit dans le pays ? Faut-il remercier celle qui a eu le prix ou celui qui a décerné le prix ?
On dira la culture tout comme le sport n’a rien à voir avec la politique. Mais l’absence de politique culturelle fait le lit de la cinquième colonne, en tout cas de la déperdition. Veillons-y. La culture, c’est notre identité, notre fierté, notre dignité. C’est le premier paramètre de notre souveraineté. Est-ce un hasard que la jeune artiste a intitulé sa chanson : LE MALI. ET C’EST-CE MALI QUI GAGNE, comme elle le dit.
PAR ABDOULAYE OUATTARA