Ces derniers temps, le monde entier assiste impuissamment à des violences contre les migrants subsahariens en transit en Tunisie. Ce mardi 21 février, c’est le chef de l’Etat tunisien en personne, Kaïs Saïed, qui a franchi un dangereux cap dans la montée des discriminations en s’en prenant directement aux migrants subsahariens présents dans son pays, qui, selon lui, sont une menace. En réaction, l’Union africaine (UA) a rejeté ces propos et appelé ses Etats membres à « s’abstenir de tout discours haineux à caractère raciste, susceptible de nuire aux personnes ». Mais, de l’avis de certains observateurs, cette réaction de l’organisation panafricaine est à la fois tardive, mais surtout insuffisante face à la gravité des faits.

Arrestations arbitraires et systématiques, agressions verbales racistes sur les médias et les réseaux sociaux, menaces d’expulsions, etc, ces qualifications sont loin de décrire fidèlement la situation des migrants subsahariens en Tunisie qui devient de plus en plus invivable.
Plusieurs ONG ont rapporté, le 16 février 2023, que «l’Etat tunisien fait la sourde oreille sur la montée des discours haineux et raciste sur les réseaux sociaux et dans certains médias ».
Pire encore, ce mardi 21 février, c’est le chef de l’Etat en personne, Kaïs Saïed, qui a franchi le Rubicon avec un discours haineux contre les migrants sur son territoire. Il a soutenu que cette immigration clandestine relevait «d’une entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie».
Cela, afin de transformer la Tunisie en un pays « africain seulement » et estomper son caractère «arabo-musulmans».
Kaïs Saïed a appelé les autorités à agir « à tous les niveaux, diplomatiques, sécuritaires et militaires, pour faire face à cette immigration.
Pour ce faire, il a prôné des «mesures urgentes » contre l’immigration clandestine d’africains subsahariens dans son pays, affirmant que leur présence était source de violence et de crimes ».
Dans un communiqué en date du 24 février 2023, signé de la main du président de la commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, l’Union africaine dit « condamner fermement les déclarations choquantes faites par les autorités tunisiennes contre des compatriotes africains, qui vont à l’encontre de la lettre et de l’esprit de notre organisation et de nos principes fondateurs ».
Certes, «Mieux vaut tard que jamais », a-t-on coutume de dire.
Mais, nous estimons, de notre part, qu’en situation urgente, il faut une réaction urgente. Alors que les organisations de la société civiles et politiques africaines se mobilisent pour apporter aide et soutien à nos frères et sœurs, l’UA ne pouvait rester indifférente aussi longtemps face aux témoignages et scènes de violences et de terreur dont sont victimes les africains subsahariens en Tunisie.
En organisation responsable, l’UA devrait convoquer le diplomate tunisien accrédité auprès de l’Union africaine et prendre des dispositions pour assurer le départ des subsahariens de Tunisie.
Aussi, il est nécessaire de donner un avertissement aux Etats qui exercent une violence contre les Africains. Et, en cas de récidive, prendre des sanctions contre l’État coupable de violence raciste contre les citoyens africains à l’image de celles infligées injustement et de manière disproportionnée contre le Mali, le Burkina et la Guinée.
Pour nous, ces mesures doivent concerner les compétitions sportives en délocalisant hors des pays exerçant ou encourageant la violence d’État contre les Africains.
En somme, si l’Union africaine n’est pas capable d’agir vigoureusement et concrètement contre la violence d’État en Afrique, est-elle fondée à lever le petit doigt contre le même type de violence qui touche les Noirs partout dans le monde dont ils sont d’ailleurs citoyens de dernière zone.
Par ailleurs, parmi les réactions enregistrées à la suite de ces violences, il y a celle de la diplomatie malienne dont les ressortissants sont connus pour leur mobilité.
Dans un communiqué diffusé le vendredi passé, l’ambassade du Mali en Tunisie dit suivre « avec la plus grande préoccupation la situation des Maliens » dans ce pays. Évoquant « des moments très inquiétants », elle y invite ses ressortissants « au calme et à la vigilance » et recommande à « ceux qui le souhaitent, de s’inscrire pour un retour volontaire ».

Par Abdoulaye OUATTARA

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